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Nouvelle charrette de 71 suppressions de postes chez M et N Euro Production à Saint-Benoît. Qu’il est long le chemin jusqu’à la fermeture d’une usine !

Chez M et N Euro Production, on ne parle jamais de licenciements mais à force de supprimer des postes, on peut se demander qui restera pour fermer la grille lorsque tout le monde sera parti !

Hier est tombée la nouvelle d’un nouveau plan social qui prévoit la suppression de 71 postes alors que l’usine Airwick de Saint-Benoît, comme on l’appelait il y a quelques années, n’emploie déjà plus que 130 personnes. Le nouvel effectif se porterait donc à 50 postes après ce dégraissage concocté à coups de transferts vers l’usine de Saint-Florent dans le Cher (5 postes), de préretraites progressives (15), de départs volontaires (11) et de licenciements économiques (30).

Vendredi dernier, la direction de l’établissement de Saint-Benoît avait même confirmé l’organisation d’une réunion extraordinaire du comité d’établissement fixée à lundi 16 juillet. C’est à son ordre du jour que figurait ce troisième plan social avec la réduction de 71 postes de travail. Le syndicat CGT a aussitôt réagi car les délais de convocation n’avaient pas été respectés ainsi que la communication aux élus titulaires et suppléants de tous les renseignements leur permettant « d’apprécier utilement le projet de licenciement collectif », selon les termes du syndicat.

Cela dit, est-il encore utile d’avoir des explications ? Depuis des années, M et N Euro Production est engagé sur un long chemin de désagrégation. Il y a des mois, nous posions la question dans ces mêmes colonnes de savoir si tout cela n’était pas le scénario d’une fermeture programmée du site de Saint-Benoît.

Mission de recyclage industriel

Le nouveau plan social a bien tendance à vouloir confirmer cette thèse car pendant combien de temps encore 50 personnes vont pouvoir faire tourner une telle unité ?

M et N Euro Production n’a apparemment fait que de mauvais choix économiques depuis des années. Un phénomène grandement aggravé par un climat économique extrêmement difficile pour l’ensemble du groupe qui a aussi une autre unité à Saint-Florent où le personnel a également manifesté son mécontentement dans les mois passés.

Marchés qui se dégradent, année 1994 catastrophique avec un chiffre d'affaires divisé par deux, emploi massif du chômage technique dans des proportions incroyables, M et N Euro Production ne cesse de chuter tandis que les salariés se posent nombre de questions sur les choix de la direction générale de Chilly-Mazarin en région parisienne, direction qu’assure Norbert Le Nigen le patron du groupe. De plus, une ambiance pourrie qui règne dans l’entreprise n’arrange rien alors que par ailleurs, de curieux déménagements de matériels ont lieu vers des destinations pas clairement affichées.

A Saint-Benoît, c’est donc à nouveau la morosité qui est à l’affiche alors qu’on se souvient que l’usine Airwick, plus tard entrée dans le groupe Reckitt et Colman avant de tomber dans le giron d’Euro Absorbants de Norbert Le Nigen, compta jusqu’à 550 salariés.

Les suppressions de ces 71 postes-là devrait être effectives dès le mois de septembre. Du côté de la direction, on souligne que toute aide sera apportée à ceux qui souhaiteraient monter leur propre entreprise ! On parle même d’une « nouvelle mission pour Saint-Benoit » à laquelle les salariés ne croient même plus, écœurés qu’ils sont par cette glissade inexorable vers la porte de sortie.

Il s’agirait d’une mission de recyclage industriel, « aboutissement logique d’une démarche de réflexion entamée depuis 1993 », de produits usés (le site est classé sur les normes Seveso) provenant de l’industrie, de l’agriculture et des collectivités locales, « dans le cadre de nos compétences ». Ainsi le site de Saint-Benoît deviendrait-il une véritable « plate-forme régionale de recyclage professionnel assumant par là même une véritable mission d’intérêt public ».

Laurent Bertagnolio