1633710/08/1996SAINT-BENOIT
Suite à l’annonce, le mois dernier, de 71 licenciements dans l’entreprise de Saint-Benoît, la CGT passe à l’offensive
Conférence de presse, courrier aux salariés d’Euro Production, volonté de rencontres avec la préfecture, la direction départementale du Travail et de l’Emploi, la direction régionale de l'Industrie et de la Recherche et les élus locaux, régionaux ainsi qu’avec le ministre Jean-Pierre Raffarin, sollicitation d’une expertise comptable avec le comité d’entreprise, réflexion avec des cabinets d’avocats... La CGT, seul syndicat représenté à Euro Production, vient de passer la vitesse supérieure dans sa lutte pour garder l’entreprise à Saint-Benoît.
Depuis l’annonce du troisième plan social qui prévoit 71 licenciements et conserverait seulement une cinquantaine de salariés sur le site, le secrétaire départemental de la CGT, Francis Martin, a carrément pris les choses en main en épaulant le comité d’entreprise : « C’est l’incompétence et le manque de dialogue du PDG de Saint-Benoît, Jean- Marie Gombert, qui amène à cette situation ».
C’est que le syndicat commence a voir rouge et il argumente sa position en énumérant un certain nombre de bizarreries financières.
Transferts
Les précédents plans sociaux qui se sont caractérisés par des transferts de fonds, de matériel et de personnel du site de Saint-Benoît vers l’usine de Saint-Florent dans le Cher « n’ont rien apporté à Euro Production », s’insurge la CGT qui note que le chiffre d’affaires de l’usine berrichonne est tout de même « passé de 270 à 317 millions de francs ».
Agacé, le syndicat également, devant le rachat de Valda et Pulmoll par NLN SA, le groupe présidé par Norbert Le Nigen qui possède notamment Euro Production à Saint-Benoît : « Ou a-t-il trouvé l’argent ? », s’interroge la CGT de Le Nigen N Industries à Saint-Florent pour faire cette transaction qui s’évaluerait à 45 millions de francs.
Et puis, il y a les promesses d’avenir qui laissent sceptique le syndicat : la création potentielle de 100 emplois en 2001 grâce à l’installation, à Saint-Benoît, « d’un centre de tri et d’éventuelles filières spécialisées de destruction », idée justifiée par les normes Soveso qui procurent à Euro Production un caractère unique dans la région Poitou-Charentes. Michel Eneau et Jean-Claude Schlieselhubber, cégétistes et membres du comité d’entreprise, doutent de la fiabilité de ces directives de sécurité.
Pour « y voir clair dans les comptes », l’Union départementale a donc sollicité une expertise comptable dont le résultat lui sera communiqué le 19 août prochain.
Reste la question de la réduction du temps de travail qui s’inscrit toujours dans ce fameux plan social. La CGT a réagi vivement : « Nous y avons toujours été favorables, d’une manière générale, mais il est hors de question qu’elle s’accompagne d’une réduction de salaire ».
Olivier Gadeau
Saint-Benoît : erreurs justifiées
Saint-Benoît n’a pas envie de rire. La potentielle disparition d’Euro Production équivaudrait à une diminution de 10 % des recettes de la commune qui encaissent chaque année plus de 500.000 francs de taxe professionnelle. Le maire, André Coquema, a tenté de mener des efforts à la mesure de sa commune.
Mais la Chambre régionale des comptes a demandé de justifier deux transactions entre Euro Production et la commune de Saint-Benoît. D’une part, la vente d’un local municipal pour deux millions de francs étalés - avec intérêt - sur cinq ans ; l’usine a déjà honoré la moitié de ses dettes. D’autre part, l’achat de terrains à 3,50 F le mètre carré alors qu’ils avaient été évalués une première fois à 1,20 F le mètre carré ; la commune a montré que les terrains limitrophes se vendaient entre 70 et 100 F, le mètre carré.
le 24/06/2025 à 11:15
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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