1654130/01/1997CHAUVIGNY
L’entreprise Apilco-Deshoulières, à Chauvigny, a adopté la Loi dite “de Robien”. Une année de tractations internes a été nécessaire pour faire “avaler” la modulation du temps de travail aux salariés
M. Yves Deshoulières, P-DG d’Apilco-Chauvigny, et le syndicat CFDT ont signé, fin novembre 1996, un accord de « modulation du temps de travail ». Selon les termes de cet accord conforme à la loi dite « de Robien », les employés travaillent désormais 35 heures par semaine en moyenne, payées 36. En cas de grosses commandes, cet horaire peut être alourdi. Et il est réduit dans les périodes creuses afin que la norme des trente-cinq heures soit respectée globalement.
Quant à l’entreprise, elle bénéficie d’importants allègements de charges. En compensation, elle doit s’abstenir de tout licenciement économique durant trois ans.
Il a fallu négocier durant onze mois, c’est à dire presque toute l’année 1996, pour parvenir à cet accord. Pour la direction, acculée par la conjoncture défavorable, il n’y avait pas d’autre issue. Sans cacher que sa position, dans l’affaire, est d’abord défensive,
M. Deshoulières considère qu’Apilco s'est ainsi donnée « un atout pour les trois années à venir... Nous devons démontrer qu’avec un important allègement de charges, une industrie de main d’œuvre comme celle de la porcelaine peut vivre en France. J’attends des signes positifs dès la fin de l’année 1997 » a déclaré récemment le PDG d’Apilco.
La CGT opposée
Si pour la direction de l’entreprise, la Loi de Robien doit permettre de mieux lutter contre la « mondialisation » et la concurrence des pays à faible coût de main-d’œuvre, pour la CFDT, signataire de l’accord, le but poursuivi est sensiblement différent. Le syndicat a voulu d’abord éviter une charrette de licenciements et estime y être parvenu. II souhaite aussi faire appliquer les vertus de solidarité qu’il prône et permettre aux salariés de connaître une meilleure qualité de vie : « Si en sacrifiant une petite partie de notre salaire, nous évitons à certains employés de se retrouver au chômage, tant mieux ».
Mais la CGT, elle, s’est battue durement contre ce projet. Pour une raison essentielle : « Le niveau des salaires est à peine supérieur au Smic chez Apilco. Comment faire vivre une famille avec des paies diminuées ? ». Quant au bienfondé de la modulation, la CGT n’adhère pas : « Pas question d’être corvéables à merci... Et on ne voit pas comment la modulation peut améliorer, à long terme, la situation de l’entreprise... Sans changement radical de politique, chez Apilco et dans le pays, les licenciements reprendront.
J-Luc Reymond
le 13/07/2025 à 17:19
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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