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Retraite à 55 ans et réduction du temps de travail, deux motifs pour une grève nationale. A la Société des transports poitevins, le mouvement se poursuit aujourd’hui après l’échec des négociations locales.

Loi Robien ou pas, qu’importe ! Les employés grévistes de la Société des Transports Poitevins (STP) réclament haut et fort la réduction du temps de travail de 38 à 35 heures, sans perte de salaire, ainsi que la retraite à 55 ans. Certes, les entreprises de services publics à monopole ne peuvent prétendre à l’application de la loi Robien, qui permet d’appliquer la réduction du temps de travail dans les meilleures conditions financières. Ce n’est apparemment pas le problème des grévistes de la STP. Les revendications sont là et la détermination aussi.

Jeudi à Poitiers, pas un seul bus n’est sorti du dépôt STP de la rue de Northampton. Selon les syndicats CGT, FO et UNSA (autonome), le mouvement de grève a été suivi à 80 % par l’ensemble des personnels, conducteurs, mécaniciens et personnels administratifs. « Nous n’avons pas bloqué le dépôt, affirmaient jeudi matin les syndicalistes, mais la direction a mis en repos les conducteurs non grévistes, c’est pourquoi aucun bus n’est sorti ».

Autre son de cloche à la direction : « Il n’y a que 54 % de grévistes chez les conducteurs », affirmait dans l’après-midi un chef de service, pendant que le directeur négociait dans son bureau avec les représentants syndicaux.

Qu’importe le nombre de grévistes, pour les usagers le constat était simple : pas un bus dans les rues de Poitiers. Les quelques bus aux couleurs du District que certains on pu voir circuler sont ceux gérés par des compagnies privées (STAO, Mallet et Rapide du Poitou) et qui assurent le ramassage scolaire sur une partie de l’agglomération, ainsi que la ligne 18 (Poitiers-Migné).

Locaux occupés dans la soirée

Dans la soirée de jeudi, le mouvement s’est durci à la Société des Transports Poitevins. Car au-delà des revendications nationales, les trois syndicats ayant appelé à la grève, CGT, FO et UNSA, n’ont pu obtenir la satisfaction de leurs revendications locales. Si la direction a accepté de revoir la « prime de caisse » qui, depuis le 1^er janvier, est assujettie aux cotisations sociales, par contre, selon les syndicats, elle a refusé catégoriquement de payer les jours de grève.

Conséquence immédiate, les syndicats ont décidé d’occuper les locaux de la STP toute la nuit, donc de bloquer le dépôt, et de reconduire la grève pour aujourd’hui vendredi.

Hier soir, malgré notre demande, la direction de la STP n’a pas pris la peine de nous donner son point de vue sur ce nouveau conflit. De leur côté les élus du District de Poitiers regrettent un conflit sur lequel ils se sentent totalement étrangers.

L-F Caillaud

Alain : “Tôt le matin tard le soir”

Alain, chauffeur de bus à la STP depuis plus de 15 ans, milite à la CGT. Hier, il était en grève et manifestait devant les grilles de la société. Il explique son engagement : « On embauche de bonne heure le matin. On a aussi des services tard le soir. Nous sommes donc là toute la journée. Les conditions de travail se sont dégradées au fil des ans. Je suis arrivé au début des années 80, on faisait alors 80 à 90 kilomètres par jour, maintenant on fait 140 km.. C’est normal de se battre pour la réduction du temps de travail.

Pascal : “Des inaptitudes avec l’âge”

Pascal est chauffeur de bus. Il milite au syndicat autonome UNSA. Hier, il était en grève. Pourquoi ? « Nous demandons la réduction du temps de travail pour améliorer nos conditions de vie. Un conducteur de bus a une vie familiale très difficile et des conditions de travail assez pénibles. Arrivé à un certain âge, il y a certaines inaptitudes. A 50 ans, nombreux sont ceux qui connaissent des problèmes de santé, de reins notamment. Avec à la clef de problèmes de reclassement dans l’entreprise.

Photo : Rassemblement des chauffeurs grévistes jeudi matin