1014024/02/1979POITIERS
La révolution culturelle devra-t-elle passer par des débrayages en usine
Les Journées du Cinéma, on en « cause » aussi à la CGT : à l’occasion (et non dans le cadre, souligne-t-on) des « Journées », M. Marius Bertou, responsable du service politique et action culturelle à la Confédération générale du Travail, est venu développer le thème « la CGT, le cinéma, la culture », au cours d’une rencontre avec le délégué général des Journées, les responsables de l’UD-CGT, hier, aux salons de Blossac.
On a ainsi appris que la Confédération entendait ne pas s’enfermer dans une neutralité indifférente par rapport à la culture, même si le contexte du chômage peut paraître gêner son action dans ce domaine.
En trois points, Marius Pertou a expliqué : Primo, que la CGT souhaitait lutter pour le droit des travailleurs à la culture ; secundo, qu’elle portait un vif intérêt au cinéma en tant que phénomène social et artistique ; tertio, qu’elle allait faire en sorte que les travailleurs participent de plus en plus aux festivals se déroulant en province.
L’argumentation de M. Bertou : la minorité dominante veut faire de la culture une marchandise, la plier à ses exigences. L’idée officielle avance que les industries culturelles doivent prendre le pas sur la création, alors que l’on sait par expérience que les équipes de création sont les ferments solides pour un changement et une ouverture d’esprit. De quelle manière les travailleurs sont-ils écartés de la culture ? Les statistiques prouvent que les concerts sont suivis en France par 5 % de la population et sur ce pourcentage, par une infime partie des ouvriers. Que plus d’un Français sur deux ne lit pas. Que 10 % de travailleurs seulement vont au spectacle.
Les obstacles à la culture des « masses populaires » sont nombreux : la modicité des salaires, la longueur des transports, l’inadaptation du logement, les cadences en usine.
Pour l’heure, M. Marius Bertou fait ce constat : aller aux Journées du Cinéma en matinée, cela conduirait les travailleurs à débrayer ; on n’en est pas encore à ce stade de révolution (culturelle). Reste la possibilité d’assister aux séances du soir et à celles du week-end. M. Laville, le délégué des « Journées », note qu’il existe un barrage psychologique qu’il faudra vaincre un jour.
En tout cas, au cours de deux journées sur la culture en février 80, la CGT entendra démontrer que puisque les comités d’entreprise consacrent aux activités culturelles plus de crédits que le budget de l’État, les travailleurs sont devenus d’utilité publique en matière de culture...
le 03/07/2023 à 13:44
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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