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L'Union syndicale du personnel de la Manufacture d'armes de Châtellerault a adopté, à l'unanimité, l'ordre du jour suivant :

"Les ouvrières et ouvriers de la Manufacture d'armes de Châtellerault, réunis sur l'invitation de l'Union syndicale, renouvellent leurs protestations contre l'enlèvement, au profit de divers industriels, des machines et matériaux de la Manufacture.

"Demandent, après la suspension d'une partie des commandes de guerre, l'utilisation du personnel et des machines devenues disponibles à des fabrications utiles telles que : fournitures et réparation des matériels de chemins de fer, de pièces détachées pour la marine marchande, de matériels agricoles et autres...

"Les protestations du syndicat du personnel de la Manufacture, les démarches entreprises dès la première heure avec collaboration intéressante de la Fédération des travailleurs de l'État, ont eu pour résultats immédiats :
1. De provoquer à la tribune de la Chambre l'intervention de plusieurs parlementaires auxquels M. Loucheur a pris l'engagement de répondre ;
2. D'empêcher, jusqu'à ce moment, la dispersion du matériel de la Manufacture ;
3. De provoquer la création, au Ministère de la reconstitution industrielle, d'une commission mixte chargée de l'étude des commandes passées aux établissements de l'État.

"Toutefois les ouvriers et ouvrières élèvent à nouveau la voix pour demander du travail. La reprise de la vie économique ne se fera pas avec la routine administrative, ni avec de la paperasserie et des rapports de bureaux de ministères, mais avec les bras de tous les travailleurs.

"A Châtellerault la Manufacture sera, sous peu, un établissement industriel de premier ordre grâce à l'emploi de la houille blanche, procurant toute la force motrice utile à très bas prix. L'État, en l'employant, ne portera aucun tort à l'industrie privée : il ne fera que réguler certains prix de revient sur le marché, assurant le maximum de bien être à son personnel. Le seul préjudice qu'il pourrait aux industriels c'est la réduction des bénéfices qui sont parfois scandaleux par rapport au salaire des ouvriers.

"Le programme du syndicat du personnel de la Manufacture, qui est aussi celui de la Fédération des travailleurs de l'État, se définit donc ainsi :
"1°) Les manufactures de l'État doivent rester propriété de la Nation et être exploitées directement par ELLE pour le bien-être de tous ;
2°) Les manufactures doivent pouvoir recevoir toutes les commandes qui se présenteront et entreprendre toutes celles qui sont utiles pour la reconstruction des régions libérées ou pour la reprise de la vie économique ;

"La France a besoin de tous ses bras pour reprendre la place qui lui est due sur le marché mondial. A ceux qui en ont charge de savoir utiliser les forces de la nation.