1019004/04/1978VIENNE
Une grève générale interprofessionnelle a lieu demain dans la Vienne, à l’appel de six organisations syndicales : les Unions départementales CGT et Force Ouvrière, l’Union locale (Poitiers) de la CFDT, la Fédération de l’Éducation nationale, l’UNEF (étudiants) et le MODEF (agriculteurs) (1).
Il ne fait guère de doute que l’activité des entreprises et des services publics va se trouver sensiblement perturbée pour la journée, sans qu’il soit possible de prévoir dans le détail ce qui sera ouvert ou fermé, ce qui fonctionnera ou non. Une seule certitude : les autobus urbains de Poitiers ne circuleront pas.
Une grève de plus, pour quoi faire ? L’emploi en est le thème central.
« La situation est telle que les syndicats doivent prendre leurs responsabilités. S’ils ne faisaient rien, leurs adhérents pourraient bien le leur reprocher... » ; M. Martin, secrétaire de l’UD-CGT, reconnaît ainsi la nécessité « interne » de faire quelque chose.
« Mais, l’intérêt des organisations syndicales est évidemment indissociable de celui des travailleurs. D’ailleurs, dans leur très grande majorité, ils souhaiteraient une initiative de cette ampleur, et qui, cette fois, ne vient pas de Paris ».
Pour autant, il ne s’agira pas d’un défoulement, d’une action-éteignoir, « mais, d’un moment parmi d’autres pour la défense de l’emploi, et qui n’empêche pas les actions particulières. Il s’agit au contraire, d’intensifier les luttes... »..
Dans cette perspective, la journée de grève vise plusieurs objectifs : développer la syndicalisation en montrant que c’est le moyen de créer « le rapport de force qui fera reculer le patronat et le pouvoir, dont il est prouvé qu’ils peuvent reculer », montrer comment « la situation des travailleurs de la Vienne se situe dans le contexte général, et créer les conditions de l’unité d’action syndicale ; globalement, les organisations ont le même point de vue... ».
Enfin, et ce n’est pas le moindre, sensibiliser l’ensemble de la population, « en démontrant que s'opposer aux licenciements est une chose, mais qu’il est également possible de créer de nombreux emplois nouveaux ». D’où le prolongement donné à la manifestation proprement dite, par l’organisation de débats.
Variantes...
Tout le monde n’a pas suivi la CGT sur ce terrain. Force Ouvrière ne s’associe pas aux initiatives de l’après-midi : « Nos syndicats ont estimé superflu des manifestations qui risquent de prendre un caractère folklorique. Par contre, nous participons pleinement à la manifestation du matin, en premier lieu pour obtenir une plus grande solidarité, dans toutes les couches de la société, face à la situation dramatique de l’emploi ».
On aura remarqué par ailleurs qu’à la CFDT, l’Union locale de Poitiers appelle seule à participer. L’UL de Châtellerault explique : « Nous pensons que cette action va se limiter à une journée de protestation sans résultats concret, et que pour les obtenir, il vaut mieux organiser l’action à partir des lieux de travail, en direction de nos patrons et des ministères pour le secteur public. Ainsi, demain après-midi, nous appelons à un débrayage de deux heures dans la métallurgie châtelleraudaise, avec une action auprès de l’Union patronale ».
Les pots cassés…
La situation de la Vienne, dont on disait volontiers il n’y a pas si longtemps, qu’elle résistait relativement bien à la crise, s’est gravement détériorée : 8.965 demandes d’emplois non satisfaites en février dernier, soit 24,5 % de plus que l’an passé (7.195) et 56 % de plus qu’en février 1976 (5.740). On mesurera les effets de la crise en rappelant que le chiffre était de 2.666 en février 73… C’est en 74, 76 et 78 surtout que les nouveaux demandeurs se sont accumulés.
« Pourtant, remarque M. Bonneault, responsable de l’Agence pour l’industrialisation et le développement économique de la Vienne (AIDEV), l’emploi industriel n’a pas régressé. Le nombre des actifs augmente au contraire, mais pas suffisamment pour absorber les 1.500 ou 2.000 demandeurs supplémentaires qui arrivent chaque année sur le marché du travail... ».
Il reconnaît que jusqu’ici l’agence a surtout servi à « réparer les pots cassés » - et observe d’ailleurs que toutes les entreprises en difficulté ont pu repartir et qu’il est toujours aussi difficile de trouver des candidats à la création d’entreprises. Pour l’avenir, il n’est « pas trop pessimiste : l’ère des grandes unités étant terminée, notre région est de mieux en mieux placée ». Et on regarde toujours du côté du tertiaire, mais qui regroupe déjà 60 pour cent des actifs dans la Vienne, dont 26,8 pour cent pour le secteur public...
(1) Ont appelé leurs adhérents à participer à la journée de grève et à la manifestation, en développant chacune la situation propre à son secteur d’activité, les organisations suivantes :
Pour la CGT : l’UGFF (fonctionnaires), la branche santé, le syndicat de la métallurgie de Poitiers, le secteur social et de l’éducation spécialisée – privée, le comité de chômeurs, le collectif départemental des retraités.
Pour la CFDT : le syndicat santé-sociaux de la Vienne, le SGEN départemental, la section des communaux de Poitiers.
Et aussi : la Fédération de la Vienne du Parti socialiste, la section de Poitiers du Parti communiste et le groupe des élus communistes à la municipalité de Poitiers, la Jeunesse ouvrière chrétienne et JOC féminine.
Enfin, ont « exprimé leur solidarité » les Unions départementales de la Fédération autonome des syndicats de police et le syndicat national autonome des policiers en civil.
Pas d'autobus urbains
Les employés CGT et FO de la Compagnie participant à la journée de grève, les autobus urbains de Poitiers ne circulent pas demain jeudi.
Déroulement de la journée
Le rassemblement est fixé à 10 h 30 devant l’ANPE, Porte de Paris. C’est dire que l’itinéraire de la manifestation « sortira des sentiers battus » : par la gare, il gagnera le centre-ville, puis la place de la Préfecture et enfin celle de l’Hôtel-de-ville où auront lieu les prises de parole tout à fait en fin de matinée.
La circulation et le stationnement de tout véhicule seront interdits toute la journée dans la voie située devant l’Hôtel-de-ville.
Des panneaux, stands et voitures seront installés sur la place Leclerc où doivent se dérouler des spectacles, mais surtout trois débats publics sur : la métallurgie dans la Vienne, le chômage et la formation des jeunes et les Services publics et nationalisés… créateurs d’emplois.
Une délégation se rendra à la préfecture à 17 heures.
le 04/07/2023 à 09:07
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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