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LES MOUVEMENTS OUVRIERS COMMENCENT À POITIERS

Le syndicat général du bâtiment faisait apposer cette semaine l'affiche suivante :

« Syndicat général du bâtiment
« Camarades,
« Alors que dans toute la région, à Tours, à Angers, à Niort, Angoulême, Rochefort, Limoges, le prix de l'heure des ouvriers du bâtiment varie de 1,30 à 1,60 - nous en avons fait la preuve - nos patrons de Poitiers, après nous avoir balancé pendant cinq mois de discussions stériles parce que voulues.
« Après nous avoir offert une entrevue entre délégations patronale et ouvrière à la dernière heure, ces messieurs se dérogent et, par correspondance toujours parce qu'ils se refusent à causer, ils nous offrent généreusement deux sous d'augmentation.
« Eh ! bien camarades nous en avons assez de cette comédie. Il ne sera pas dit qu'après avoir souffert toutes les misères depuis quatre ans on nous refuse un salaire à peine suffisant pour nous faire vivre, nous et nos familles, sans que nous élevions une véhémente protestation.
« Le syndicat général du bâtiment fait un appel pressant à tous les camarades, syndiqués ou non, pour assister à la grande réunion qui aura lieu, le mercredi 24 courant, salle de la Justice de Paix.
« Tous ensemble nous prendrons les mesures que comporte la situation.
« Allons, camarades, tous au rendez-vous !
« Encore un effort et la victoire nous appartient.
« Le Comité, Samonneau, Legris, Fort, Desbrousse ».

Cette réunion a eu lieu hier soir, environ 250 ouvriers y assistaient.

L'assemblée a décidé de demander aux patrons un salaire minimum de 1 fr. 75 (rectification le 24/05 : 1 fr. 55) de l'heure avec application de la loi de 8 heures.

Le syndicat avait demandé en janvier 1 fr. 25 de l'heure pour 10 heures de travail par jour.

A l'unanimité les ouvriers du bâtiment ont décidé d'attendre jusqu'à samedi la réponse des patrons. S'ils n'obtiennent pas satisfaction ils recourront, disent-ils, à la grève.

Samedi dernier le syndicat de la métallurgie s'est réuni et a décidé de demander également une augmentation des salaires ; les métallurgistes se classent en trois catégories et veulent obtenir pour le 1er juin :
1°) l'application de la loi de 8 heures ;
2°) un salaire variable selon la catégorie : 1 fr. 75 ; 1 fr. 50 et 1 fr. 25 de l'heure.

Nous croyons savoir que cette revendication n'a pas pris la forme d'un ultimatum.