1028429/06/1979POITIERS
Il ne s’est rien passé hier à l’usine SAFT-Leclanché, où la grève continue... Rien de définitif en tout cas. La négociation ouverte mercredi après-midi s’est prolongée jusque vers 23 heures ce soir-là. A ce moment, la proposition de la direction était la suivante : augmentation de 0,50 franc de l’heure pour l’ensemble du personnel ouvrier (soit 87 francs de l’heure pour l’ensemble mais y compris les 2,5 pour cent prévus) et de 2,5 pour cent pour les autres collaborateurs (avec un minimum de 89 francs par mois).
Et deux nouvelles augmentations en novembre et janvier prochains, « qui feraient, si la situation à la fin de l’année le permettait, que le pouvoir d’achat serait maintenu en 1979, et même au-delà pour les plus bas salaires», nous précisait hier M. Decitre, directeur général.
Celui-ci et ses proches collaborateurs étaient retenus dans leurs bureaux toute la nuit de mercredi à jeudi, en attendant que le personnel se prononce sur ces propositions. L’assemblée générale devait le faire hier matin à 8 heures et les juger insuffisantes.
C’était aussi l’avis des organisations syndicales CGT et CFDT, qui reconnaissaient cependant une évolution positive (ne serait-ce que le fait d’avoir obtenu l’ouverture de négociations).
Le conflit devait donc se poursuivre hier, avec maintien du piquet de grève interdisant tout mouvement des véhicules de livraison (ce qui acheva de paralyser l'activité de l’usine, et compromet le fonctionnement de celle d'Angoulême), les directeurs restant retenus par les grévistes. Ces derniers occupaient hier le standard et les locaux administratifs. En fin de matinée, la direction annonçait 35 p. 100 de grévistes sur l’ensemble du personnel et 40 p. 100 en production, tandis que dans l’après-midi les grévistes estimaient à 80 p. 100 de l’effectif la participation à leur mouvement.
Aucune nouvelle rencontre n’a eu lieu hier, malgré une démarche des délégués auprès de l’inspecteur du Travail et du préfet. La direction estime en effet ne pas pouvoir aller au-delà de sa dernière proposition. Au bout du compte, l’évolution a été hier contradictoire : durcissement d’une certaine façon (les cadres ont débrayé deux heures « en échange » de l’élargissement du directeur) ; mais signe de détente en fin d’après-midi, peu avant 18 heures, les grévistes acceptaient de laisser le directeur général rentrer chez lui, contre l’engagement de « prendre ses responsabilités de chef d’entreprise ». Ce qui signifiait pour eux : revenir ce matin pour rouvrir le dialogue...
Dans un communiqué publié hier soir, l’Union départementale CGT appelle les autres salariés à manifester leur solidarité à ceux de la SAFT, en déposant leurs propres revendications auprès de leurs directions, en « exigeant des directions d’entreprises, de la préfecture et de la chambre patronale la reprise des négociations à la SAFT », et en venant aujourd’hui à la SAFT, en délégation.
le 24/07/2023 à 14:50
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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