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0102224/05/1919POITIERS

REVENDICATIONS OUVRIÈRES

La guerre a été, pour ceux qui ont eu la chance de rester à l'intérieur, ouvriers aussi bien que patrons une source d'avantages considérables : sécurité pour tous, bénéfices excessifs pour les uns, salaires inusités pour les autres. Mais la guerre est finie et, grâce à la démobilisation, les poilus de l'avant reprennent à l'atelier, au magasin, une place que les nouveaux occupants ne leur cèdent quelquefois qu'après de vives protestations.

Le désir à tous est de jouir enfin d'une vie que le simple hasard leur a gardée quelque peu hypothétique par les blessures ou les sournoises maladies contractées pendant quatre années et plus de souffrances indicibles. Mais la vie est chère et pour en jouir comme ils l'entendent il leur faut des salaires plus élevés que ceux de l'avant guerre et c'est tout naturel, mais aussi que les salaires pratiqués pendant la guerre. Leur raisonnement est simple, un militant syndicaliste de notre ville, récemment démobilisé, me l'exposait tout à l'heure :

"En dehors de toutes les raisons qui conduisent à tout tenter pour qu'une juste répartition du bénéfice soit obtenue entre le patronat et les ouvriers, me dit-il, il faut bien que le public comprenne notre véritable esprit quand nous demandons une augmentation raisonnable (sic) des salaires

"Nous les « poilus » démobilisés nous constituons la partie la plus utile, la plus capable de production de la population.

"Comme élément le plus vigoureux nous avons eu le devoir de courir au front repousser l'envahisseur et sauver la patrie en danger. Nous avons accompli notre devoir joyeusement en bon français que nous étions et que nous sommes.

"C'est à nous qu'est due la victoire.

"Nous avons repris notre place à l'atelier et sommes prêts à collaborer, de toutes nos forces, à la reconstruction économique du pays. Nous restons, malgré toutes nos misères, l'élément jeune, vigoureux, dont le travail sera par conséquent dans toutes les branches de l'industrie. Eh ! bien que l'on nous paie mieux encore que ceux que l'âge, la veine ou le simple piston, ont éloigné des dangers.

.../...

Une erreur typographique s'est glissée dans la note publiée hier à cette même place. Les ouvriers du bâtiment réclament 1 fr. 55 de l'heure et l'application de la journée de 8 heures, renouvelant ainsi la demande faite au mois de janvier dernier.

 

 

le 07/05/2020 à 14:12

Source : L'Avenir de la Vienne

syndicat, revendication, vie chère

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