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Nous avons eu l'occasion de nous entretenir des revendications de la chambre syndicale des ouvriers boulangers avec un des membres influents du syndicat des patrons boulangers.

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« Le prix de 12 francs par jour pour deux fournées n'est pas une base sérieuse de discussion et je le dis dans l'intérêt des ouvriers boulangers eux-mêmes. Il ne peut pas être établi de règle fixe et uniforme. Tout n'est que cas d'espèce. La grandeur des fours varie avec chaque boulangerie. Vous avez, à Poitiers, des fours de 35, 40, 50, 60 et 80 pains. Vous comprendrez comme moi que la somme de travail à fournir n'est pas la même partout.

« Dans les boulangeries à grand four le salaire de 12 francs, s'il était adopté, permettrait une exploitation scandaleuse des ouvriers. Par contre les boulangeries qui n'ont qu'un petit four ne peuvent pas admettre les 12 francs par jour ; le travail serait vraiment trop cher.

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« Sans engager à l'avance la décision de mes collègues je crois pouvoir dire que nous serons amenés à conclure un accord sur le modèle de celui qui était intervenu en 1901. Pas de prix uniforme mais un salaire correspondant à l'importance de la boulangerie d'une part, aux conditions spéciales à chaque boulangerie (grandeur du four, nombre d'ouvriers, etc) d'autre part ».

- Et le travail de nuit ? Et le repos hebdomadaire ?

- Ce sont des questions importantes mais qui peuvent être solutionnées en plein accord avec les ouvriers.

- Et le pain de 2 kilos par jour ?

- Ah ! non. Les ouvriers mangent autant de pain qu'ils veulent. Mais vous comprendrez bien qu'après qu'ils se seront gavés nous ne leur accorderont pas encore 2 kilos de pain. C'est excessif !

- Votre opinion d'ensemble ?

- Elle est que leurs revendications ne sont légitimes qu'en partie. Les ouvriers veulent un salaire égal au minimum pratiqués dans les villes environnantes, mais ils oublient que la ville de Poitiers, si elle paie ses ouvriers moins cher, est aussi la ville où le pain se vend le meilleur marché. C'est un fait qu'ils ne peuvent nier.

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