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0102526/05/1919POITIERS

LES OUVRIERS DU BÂTIMENT OBTIENDRONT SATISFACTION

Nous croyons pouvoir affirmer que les ouvriers du bâtiment obtiendront satisfaction : application de la loi de 8 heures ; 1 fr. 55 de l'heure.

A la première lettre dans laquelle les ouvriers faisaient connaître leurs desiderata M. Girault, peintre rue de la Prévauté et président du syndicat des entrepreneurs, avait répondu qu'il lui était matériellement impossible de convoquer tous ses collègues pour le samedi 31 mai. M. Girault faisait également savoir aux délégués des ouvriers que le syndicat des patrons s'était déjà préoccupé de la question de la journée de 8 heures et espérait la solutionner en accord avec les ouvriers.

Les ouvriers du bâtiment ne se sont pas contentés de cette réponse et, dans une réunion qu'ils eurent hier, ils décidèrent d'adresser une nouvelle lettre à M. Girault dans laquelle ils l'invitaient à se rencontrer avec eux ce soir, à 5 heures, au café de la Comédie, siège social du syndicat des entrepreneurs. Ils l'informaient en outre que s'il refusait de leur accorder cette entrevue les ouvriers du bâtiment cesseraient le travail demain mardi.

M. Girault (...) nous a affirmé qu'il irait, ce soir, prendre contact avec les ouvriers en compagnie de ceux de ses collègues que leurs occupations ou leurs engagements antérieurs n'empêcheraient pas de venir.

Il ne pourra d'ailleurs que leur confirmer sa réponse par lettre : les ouvriers n'auront pas de réponse définitive avant samedi prochain. tous les patrons ayant de faire connaître leur pensée.

Sur notre question M. Girault nous fit connaître son opinion personnelle.

« Sans vouloir engager en quoi que ce soit la décision de mes collègues, je crois pouvoir dire que nous donnerons satisfaction aux ouvriers. Nous nous sommes déjà, au sein du syndicat, préoccupés de la question de la journée de 8 heures et de la répercussion que l'application de la loi doit avoir sur les salaires. Sur la proposition de l'un d'entre nous nous avons adopté, en principe, le salaire quotidien de 12 francs.

« Les ouvriers demandent 12 fr. 40. Vous voyez qu'il n'y a pas là matière à conflit. Mais encore une fois je vous le répète, rien ne m'autorise à donner une réponse définitive avant samedi prochain. »

Nous avons appris d'autre part que dans la réunion qu'ils ont eue ce matin au café La Comédie, les plus importants entrepreneurs de menuiserie de la ville, qui emploient les 4/5 des ouvriers menuisiers de Poitiers, ont décidé, en ce qui les concernait, d'appliquer la loi de 8 heures avec un salaire de 1 fr. 55 par heure. Il est probable qu'ils cherchent à organiser ainsi le travail : 5 journées de 9 heures et une de 4. Mais ce n'est qu'une modalité d'application de la loi qui ne soulèvera probablement aucune difficulté de la part des ouvriers.

Que vont, ce soir, décider les délégués des ouvriers en présence de la réponse que va leur faire M. Girault ? Cesser le travail ? Ce serait une faute grave qui ne ferait que leur porter le préjudice de cinq journées de chômage. La sagesse leur commande d'attendre jusqu'à samedi prochain, date à laquelle ils obtiendront satisfaction.

Appelés à vivre journellement avec leurs patrons ils n'ont aucun intérêt à créer un conflit surtout pour une question au sujet de laquelle l'accord est unanime.

Nous les engageons vivement à faire preuve de conciliation et nous avons assez confiance dans leur bon sens pour savoir qu'ils attendront avec calme pendant cinq jours l'accueil favorable qui sera réservé à leurs revendications.

 

 

le 07/05/2020 à 14:39

Source : L'Avenir de la Vienne

revendications, grève, réunion, 8 heures

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