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1035122/09/1979LUSSAC-LES-CHATEAUX

LUSSAC-LES-CHÂTEAUX TIRE SES RIDEAUX POUR QUE CARDOT NE FERME PAS SES PORTES

Lussac a vécu hier une journée bien particulière. A l’image de l’horloge de l’église, arrêtée, toute activité était suspendue dans le chef-lieu de canton. Jusqu’à l’heure de la manifestation de l’après-midi, la plupart des rues sont restées complètement désertes. Tous les commerçants et artisans avaient baissé les rideaux, en apposant l’affichette exprimant leur soutien aux salariés du groupe Cardot menacés de perdre leur emploi. Pharmaciens et médecins n’assuraient que les urgences. Des garderies étaient organisées à l’école et au collège, où les enseignants n’ont pas donné leurs cours. Et les bureaux de la mairie étaient fermés l’après-midi.

Bien sûr, une opération « ville morte » est d’autant plus impressionnante que la cité est plus petite, on y obtient plus facilement la solidarité parce que tout le monde se connaît. Et personne ne conteste que d’aucuns n’y ont participé que par crainte de se distinguer...

Mais on aurait tort de n’y voir qu’une manifestation formelle, symbolique, renforcée par un certain « panurgisme ».

Au hasard de quelques rencontres et conversations, nous avons pu vérifier qu’elle correspondait, en écho à l’angoisse des salariés eux-memes, à une réelle inquiétude. Aujourd’hui tout le monde a pris conscience des répercussions, graves et nombreuses, que pourrait avoir un licenciement massif non seulement pour le bourg de 2.200 habitants, mais pour nombre de communes voisines. La SEL et la MER emploient 400 personnes a Lussac.

Dans la matinée, un groupe de syndicalistes CGT a continué de faire connaître sa volonté de voir maintenir l’emploi, notamment en distribuant des tracts aux automobilistes sur la route de Chauvigny, barrée à cet effet. D’autres manifestations sont prévues dans les jours à venir, y compris à Châtellerault et Loudun, où se trouvent les deux autres sociétés du groupe.

A l‘issue du rassemblement syndical, la direction confirme l’imminence du dépôt de bilan

Le rassemblement syndical organisé par la CGT s’est formé, hier à partir de 16 heures, à un moment où la sirène de la cité lussacoise s’est mise à hurler.

Les ouvriers de la société d’ébénisterie de Lussac n’ont pas cessé de distribuer les tracts concernant la situation de l’emploi à tous les automobilistes circulant sur la route de Poitiers-Limoges.

A 16 h 30, un défilé ouvert par une banderole de la CGT « la Vienne veut vivre et travailler », réunissait des délégations syndicales CGT, CFDT, FEN, de l’EDF CGT - GMC du département et du Montmortillonnais comme de la ville de Lussac. Dans le cortège étaient présents, MM. Maupin. conseiller général, maire de Lussac ; Faye, son adjoint ; des membres du conseil municipal ; MM. Jallais. secrétaire régional de la CGT ; Martin, secrétaire départemental ; Viaud. secrétaire fédéral du Parti communiste.

Ce cortège, de 400 à 500 personnes de source syndicale, de 150 de sources administratives, s’étira route de Poitiers jusqu’à la cité des Gagneries pour revenir au cœur de la ville par la gare. Tout au long du parcours, furent scandés des slogans : « Non aux licenciements », « Laurent du boulot », « On veut vivre au pays », « Chômage ras-le-bol ».

Ce défilé fut paisible, tout au long de la soirée et sur le parcours, des automobilistes acceptaient des tracts de bonne grâce.

Un rassemblement avait lieu devant l'usine où M. Jallais déclarait : « C’est par la lutte que nous obtiendrons satisfaction et la population est avec nous. Nous sommes prêts à recommencer demain pour que les ouvriers travaillent ici ».

M. Laurent, directeur, fut alors interpellé sur l’éventualité d’'un dépôt de bilan.

« A l’heure où nous en sommes, ce n’est pas faux, devait-il dire, mais cette information a précipité les choses. Pour l’instant j’essaie de monter des solutions pour sauvegarder la majeure partie des emplois. Ce n’est pas un mouvement de masse qui facilite la tâche que j’ai actuellement. Dès mon arrivée, j’ai attiré votre attention sur la gravité de la situation, vous ne m’avez pas crû ». M. Laurent ajoutait avant de regagner son bureau « le groupe Cardot est un modèle de dégagement des grandes banques... ».

M. Jallais récusait alors le droit à la Direction de faire peser sur les travailleurs les difficultés de l’heure.

Vers 17 h 30, les manifestants se dispersaient après avoir trouvé sur place le réconfort de sandwiches et de boissons. Mais les ouvriers, autour de leurs responsables syndicaux, restent mobilisés pour les jours à venir.

Le dépôt de bilan pourrait signifier qu’une solution est prête. M. Laurent devait nous déclarer que les négociations n’étaient pas suffisamment avancées pour qu’il puisse en parler. Mais que la solution passerait de toute façon par une modification des structures du groupe et qu’il espérait que celui-ci pourrait conserver « une bonne partie du personnel ».

 

Photo : La manifestation dans les rues de Lussac-les-Châteaux

 

 

le 07/08/2023 à 17:45

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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