1038913/10/1979POITIERS
Dès 14 heures, Porte-de-Paris, une surprise attendait les curieux, les premiers manifestants, dont ceux d’AEF, massés sur le talus SNCF comme dans une tribune et qui scandaient en chœur : « Pas de pognon, pas de pistons ». Giscard d’Estaing, en personne, était-là sur un trône ubuesque, en chair, en os et... en effigie. Le groupe « convergence - écologie - autogestion » était l’auteur de la farce ! De partout affluaient les banderoles derrière lesquelles se massaient les participants : CGT, CFDT et FEN étroitement mêlés ; ceux de la Vienne, de la Charente, de la Charente-Maritime et même de la Haute-Vienne...
Devant l’Agence pour l’emploi, un mur... de la honte stigmatisant le chômage et non... l’officine ! Il fallut une bonne demi-heure pour que s’écoule le défilé en direction des Couronneries, sous un soleil radieux qui donnait à ce meeting une allure de fête (mais chauffait les dos).
Sans hâte, scandant les slogans résumant les principales préoccupations sociales, le flot des milliers de grévistes (il fallait bien qu’ils le soient pour être là à cette heure) parvint ainsi sur l’avenue J.-Kennedy au croisement du Touffenet ; en bas de l’avenue Salvador-Allende, un détachement des trois compagnies de CRS mobilisées pour ce 12 octobre, à Poitiers, attendait... sans intentions hostiles. Du côté manifestants non plus, on n’était pas venu jusque-là pour en découdre et c’est à peine si quelques sifflets saluèrent cette présence... presque intime puisqu’un « no man’s land » de vingt mètres fut laissé entre les uns et les autres !..
Le temps de rassembler les manifestants (3.000 disent les spécialistes de l’estimation des masses, 10.000 pense la CGT) et les trois orateurs prévus purent s’exprimer sur la tribune improvisée d’un toit de voiture : MM. Morisset. Veylit et Jallais : la CFDT, la FEN et la CGT. Si chacun développa à sa façon les revendications et soucis sociaux, une évidence découle de la conclusion du dernier intervenant : l’unité d’action pour cette journée ; un début et non une fin. Or cette unité ne peut que frapper l’observateur car, dans le cortège, nous avons remarqué la présence de responsables et élus du PS dont Mme Edith Cresson et celle du PC autour de M. Fromonteil.
Autre caractéristique de ce meeting : sa dislocation fut comme son organisation, sans « bavures », si un petit groupe de jeunes est resté, après les consignes de départ (et celui du service d’ordre) face au CRS, ce n’était qu’une bravade sans malice et nulle provocation ne vint ternir cette « dignité » à laquelle M. Jallais faisait allusion dans sa conclusion, celle d'une « région majeure debout pour sa dignité, pour son avenir »...
Photo : La manifestation à Touffenet
le 08/08/2023 à 08:12
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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