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1050122/01/1980VIENNE

1.019 CHÔMEURS PRIVÉS D’INDEMNITÉS

Les syndicats protestent, l’administration dédramatise

Depuis le 1er janvier dernier en application de la Convention signée le 27 mars 1979, entre le patronat et les organisations syndicales, certains chômeurs n’ont plus droit à aucune indemnisation. La mise en œuvre de cette disposition nouvelle a provoqué une vive réaction de certains syndicats.

En particulier de l’Union départementale CGT, qui écrit notamment :

« ... 1.400 chômeurs de la Vienne privés de toute ressource depuis le 1er janvier... En dépit de l’opposition des syndicats et spécialement de la CGT, qui a toujours défendu que toute personne sans emploi devrait être indemnisée, le gouvernement, sous prétexte de chasser « les faux chômeurs », a voulu faire un « système plus incitatif ». On voit ce qu’il donne.

« Non seulement le régime actuel est incapable d’assurer à chacun ce premier droit de l’homme, celui de gagner sa vie (13.000 chômeurs dans la Vienne au 1er janvier selon le BIT), mais après avoir privé de travail des centaines de milliers de travailleurs hommes et femmes, cassé leurs usines, détruit le potentiel industriel patronat et pouvoir s’acharnent sur ceux qu’ils ont poussés en marge de la société.

« Cette, scandaleuse contrainte va plus loin : un an après la perte de leurs indemnités, ces mêmes travailleurs se verront privés des droits de la Sécurité sociale. S’ils sont malades, ils devront payer de leur poche. De tels procédés nous renvoient plus de cinquante ans en arrière... ».

La CGT a fait des démarches de protestation auprès des Pouvoirs publics (hier encore une délégation a été reçue à la préfecture) pour exposer la situation des personnes concernées Elle a également ouvert une permanence à leur intention, tous les mercredis après-midi de 14 h à 18 h, à l’UD, 21 bis, rue Arsène-Orillard à Poitiers. Elle appelle en outre « tous les travailleurs privés d’emploi à se regrouper dans les comités de chômeurs CGT pour engager l’action immédiatement, et à participer aux assemblées générales prévues pour décider des formes d’action.

De son côté, la CFDT a adressé une lettre ouverte au directeur du Travail pour dénoncer cette pratique. Elle pense également qu’il s’agit de « se débarrasser de 1.200 demandeurs d’emploi » et précise : « ... Si ces travailleurs sont reconnus inaptes au travail, ils seront en outre radiés de l’Agence pour l’Emploi et perdront de ce fait immédiatement leur couverture sociale. Les Pouvoirs publics sont incapables de les reclasser. Vous vous refusez la plupart du temps à exiger des employeurs le paiement de la redevance pour le non-respect du pourcentage obligatoire, et vous n’assurez pas un fonctionnement correct des différentes sections de la COTOREP, où nous connaissons des retards importants dans l’instruction des dossiers...

Quand on leur fait observer qu’elles ont signé l’ensemble de cette Convention, ces organisations syndicales précisent qu’elles n’ont pas voulu priver les travailleurs des dispositions nouvelles plus avantageuses qu’elle contenait, mais qu’elles ont toujours marqué très vivement leur opposition à la mesure dont il est question ici.

Le point de vue de l’administration...

La Direction départementale du Travail confirme que la commission prévue à cet effet par le décret du 12 octobre (et qui comprend des représentants d’organismes paritaires) a examiné 1.200 dossiers de chômeurs de la Vienne. Sur ce total, 1.019 ont perdu au 31 décembre tout droit à indemnité (il reste quelques catégories particulières dont le sort n’est pas tranché par les textes réglementaires). Il s’agit, sans entrer dans le détail, de personnes de moins de 50 ans qui percevaient des prestations depuis plus de 1.095 jours (trois ans) ou de plus de 50 ans indemnisés depuis plus de 1.825 jours (cinq ans), comme le prévoit la Convention nationale.

Le président de la commission, qui a examiné ces dossiers, convient que ce n’était pas une mission des plus agréables, mais estime que la situation n’est pas aussi unanimement sombre que les syndicats la présentent : dans la très grande majorité des cas, ces personnes ne recevaient plus qu’une aide minime (dans une fourchette de 3 à 9 francs par jour), d’autres se trouvaient dans une situation telle qu’il est difficile de considérer qu’on leur a de quelque façon, coupé les vivres ».

En outre, 200 environ ont été orientés, compte tenu notamment de leur situation de santé vers des organismes susceptibles de leur allouer une aide. En tout cas, précise-t-il, « toutes les situations ont été regardées avec précision et objectivité... ».

 

 

le 21/08/2023 à 18:39

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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