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A quelques jours des élections aux commissions paritaires, lesquelles auront lieu le 12 mars, l’organisation régionale de la Fédération Syndicale Force Ouvrière des PTT tenait hier, à Niort, un meeting à l’usage de ses adhérents. Plus de deux cents militants des quatre départements y participaient. Claude Pitous, secrétaire national de la Fédération, était venu en personne donner à ses troupes le souffle nécessaire. En un discours d’une heure et demie, il s’est efforcé d’armer son public d’arguments solides mais aussi de brosser le tableau de la situation économique, sociale et même politique du pays. Aux syndicalistes, il a conseillé d’être « des militants contagieux » et de mener une campagne dynamique et dénuée de tout complexe. A son avis, FO, deuxième organisation avec 25,50 pour cent des suffrages en 1977 contre 41 pour cent à la CGT, peut cette fois espérer mieux. Le contexte est d’ailleurs différent mais fort délicat tout de même. « L’euphorie de l’Union de la Gauche n’existe plus mais la situation de crise se prête à toutes les démagogies et surenchères... ». FO doit donc utiliser à fond son caractère de syndicat « libre, indépendant et sérieux » face à la CGT et au récent rapprochement de la CFDT et de la Fédération Nationale des Télécommunications. Principal adversaire, la CGT fut l’objet des plus vives attaques de la part du secrétaire national, lequel n’a évidemment pas omis de rappeler la position de cette centrale dans l’affaire afghane et ses attaches avec le PCF.

« Les PTT sont attaqués délibérément »

Claude Pitous a développé d’autres points, accusant le gouvernement de tabler sur les drames extérieurs, sur l’idée de guerre et sur le renchérissement pétrolier pour mieux faire passer son plan d’austérité.

La dégradation du service public et tout particulièrement des PTT fut une nouvelle fois longuement soulignée. « Je porte témoignage que les PTT sont attaqués délibérément par le pouvoir ».

Pour Claude Pitous, l’évolution technologique considérable, qui va d’ailleurs peser sur la quasi-totalité des personnes, porte en elle-même le risque d’une évasion des secteurs rentables vers le privé : « C’est notre outil de travail que l’on nous enlève progressivement des mains ! ».

Toutefois, FO ne refuse pas la modernisation, mais à la condition « que le personnel et les usagers perçoivent les dividendes de ce progrès... ».

Stigmatisant le manque d’effectifs et ses conséquences sur le fonctionnement des services, M. Pitous a également évoqué les négociations salariales qui reprennent aujourd’hui. Selon lui, dans le contexte actuel, il importe avant tout de ne pas régresser : « C’est aujourd’hui une ambition formidable que de vouloir maintenir l’acquis et de prendre tout ce qu’on peut prendre... ». Des propos qui, on ne peut manquer de le remarquer, ne sont pas sans rappeler le récent exposé du Premier ministre.

L’époque est rude et « la classe ouvrière encaisse ». Mais, un jour, « un mouvement de révolte peut surgir... ». En attendant, FO s’en tient à sa ligne habituelle de concertation, de négociation et de politique conventionnelle. Et même dans cette période électorale, « nous n’avons aucune concession à faire. Notre indépendance est totale et nous garantissons la liberté spirituelle de nos adhérents... ».