1065924/05/1980POITIERS
Les médecins distribuant autour de la préfecture des tracts contre la « médecine au rabais » et le « chantage du gouvernement », ce n’est pas si courant. Le président du Syndicat des médecins de la Vienne le Docteur Rouquet, haranguant sur la place publique ses collègues présents mais aussi des salariés lors d’un meeting commun, c’est plus exceptionnel encore. Cette rencontre inédite est le fait marquant de la manifestation convoquée hier midi à la préfecture par les organisations de salariés CGT, CFDT et FEN et le Syndicat des médecins affilié à la Confédération des Syndicats médicaux de France. L'adversaire commun : les projets gouvernementaux relatifs à la Sécurité sociale, et principalement en l’occurence la nouvelle convention médicale entre médecins et Caisse nationale d’Assurance Maladie.
Après la grève et les actions diverses du 13 mai, cette nouvelle journée de protestation a été marquée dans la Vienne par des débrayages dans le secteur public : les usagers auront surtout remarqué les « délestages » opérés à EDF dans la matinée (les agents avaient durci encore leur action après les « menaces contre le droit de grève »), mais des travailleurs ont aussi « levé le pied » aux PTT, aux Impôts, à la MSA et par exemple à la Compagnie des bus urbains (deux véhicules faisaient barrage place de la Préfecture), et des arrêts de travail dans les grandes entreprises comme la SAFT, Jaeger, UMD, Hutchinson, la Sochata, ou encore les établissements pour l’enfance inadaptée.
Des pétitions demandant le retrait de ces projets ont été signées et déposées à la préfecture. Et dans la matinée, une délégation forte de plus de cent personnes (CGT et CFDT) s’est rendue à Saint-Georges au siège de l’Union patronale pour y exprimer la position des salariés et mettre les employeurs en garde : « si ces réformes sont maintenues, d’autres actions plus dures encore seront engagées par les travailleurs ». Une autre délégation a été entendue par le président de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie de la Vienne.
Projet funeste
De 11 h 30 à 13 h, la place de la Préfecture a été fermée à la circulation et transformée par environ 300 personnes (de Poitiers et Châtellerault notamment) en un forum avec banderoles et panneaux d’explication sur les problèmes de la Sécurité Sociale. Enfermés sur eux-mêmes, les manifestants n’ont sans doute pas touchés le grand public comme ils le souhaitaient. Du moins l’action n’est-elle pas passée inaperçue des pouvoirs publics, qui pouvaient même entendre le contenu des prises de parole effectuée par un représentant de chaque organisation.
CGT, CFDT et FEN ont vigoureusement dénoncé « les atteintes au régime de protection sociale des travailleurs » et appelé à poursuivre l’action sur cette revendication comme sur les autres. Tandis que le Dr Rouquet expliquait la présence de son organisation : « Dans l’épreuve que subissent assurés sociaux et médecins, il y a communauté des analyses et communauté d’intérêt ». Rappelant que son syndicat, seul implanté dans la Vienne, représente 85 pour cent des six médecins sur dix syndiqués dans ce pays, il ajoutait : « La nouvelle convention est un mauvais coup, un projet funeste conclu entre deux organisations minoritaires... Elle représente une énorme régression de la vie médicale dans ce pays. L’assurance maladie est malade de son financement, non de ses dépenses. La solution est politique, ce n’est pas un blocage artificiel des dépenses... ». Et il concluait : « Les médecins sont difficiles à mobiliser, mais devant le péril ils prouveront qu’ils ne sont pas prêts à être condamnés sans être entendus ».
le 07/09/2023 à 13:13
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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