« Retour

1076513/10/1980POITIERS

LA SNEP : PLUSIEURS SÉRIES DE VICTIMES DANS UN CONFLIT D’INTERET PERSONNEL

Que des entreprises s’affaiblissent puis disparaissent, quand elles ne sont plus « dans la course économiquement, c’est la loi de l’économie de marché, qu’on l’accepte ou non. Par contre, les voir s’écrouler quand tout indique qu’elles ont parfaitement leur place, ne peut que heurter le bon sens et décourager les plus entreprenants...

Après la STIL à Ligugé, dont on dit qu’elle n’était pas irrémédiablement condamnée mais qui a fermé ses portes en laissant 40 salariés sur le carreau, la SNEP, à Poitiers, ne se remettra sans doute pas de ce qu’elle est en train de vivre. Les 78 salariés sont licenciés.

On pourra dire, qu’après tout, sa disparition profitera aux autres entreprises locales d’électricité-chauffage-sanitaire, qui devront embaucher pour faire face au surcroît d’activité... Chacun sait que les choses ne se passent pas de cette façon et que les conséquences sociales qui touchent plusieurs dizaines de familles ne seront pas épongées. Le personnel le sait bien. Il n’était pas informé de ce qui le menaçait et pour tous le choc a été brutal. Par contre, au-delà de leurs intérêts personnels et immédiats, ils savent que la disparition d’une entreprise et de son outil de travail, est toujours une perte pour la collectivité.

Aussi se sont-ils mobilisés, ils occupent les lieux (avenue de la Libération), multiplient les démarches, en premier lieu vers les pouvoirs publics et avec l’appui de la CGT et du PC. Mais chaque jour qui passe voit s’amenuiser les chances d'une reprise d’activité.

Pourquoi la SNEP n’a-t-elle pas survécu alors qu’elle venait de passer deux exercices financièrement équilibrés, que l’activité s’était étendue au froid industriel, que l’effectif s’était accru de plus de 15 personnes et que les perspectives n’étaient pas mauvaises ? Depuis le 20 septembre 1978, elle exploitait en location-gérance le fonds de commerce de la société Poinson Frères, en règlement judiciaire. Le contrat était de deux ans au terme desquels le gérant devait acquérir le fonds ou « passer la main ».

Le gérant, M. Birobent, était l’acheteur « naturel ». Pour lui, si l’affaire ne s’est pas faite c’est que la location-gérance reposait, dès le départ, sur des anomalies qui constituaient autant de handicaps pour la SNEP. Pour continuer, il voulait que le syndic, son interlocuteur dans la transaction, en tienne compte en prenant notamment à sa charge le coût de l’ancienneté du personnel. L’accord ne s’est pas fait.

M. Birobent considère « qu’on a tué la valeur du fonds » et il n’est plus acheteur. Aujourd’hui, il se tourne vers ces autres catégories de victimes que sont les clients, dont les chantiers sont abandonnés, et les fournisseurs qui attendent que la SNEP règle ses factures. Ce qui n’est pas impossible, car si la SNEP n’a plus ni activité, ni salariés, elle n’a pas déposé son bilan. Certes on le comprend, ses clients ne se précipitent pas pour payer ce qui a été fait jusqu’au 20 septembre. Ce n’est pourtant que dans la mesure où ils le feront que de nombreux fournisseurs pourront être eux-mêmes désintéressés. Certaines difficultés en cascade seraient alors évitées. Sur le papier, en effet, les dettes des clients sont supérieures aux créances des fournisseurs.

L’ancien gérant veut ainsi « payer ceux qui lui ont fait confiance » et il oppose cet « intérêt moral » à une « complicité statique qui pourrait faire de nombreuses victimes... ».

Les salariés licenciés n’ont que faire de ce nœud d’intérêts privés qui ont joué contre eux. L’ancien gérant ne les oublie pas tout à fait : il s’est engagé à « faire l’impossible » pour que leur salaire du 1er au 20 septembre soit réglé au plus tard le 20 octobre. Et il déplore qu’il n’ait pas obtenu de certitudes quant à leurs indemnités de préavis et de licenciement.

 

 

le 13/09/2023 à 18:40

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

bâtiment, filature, fermeture

« Retour

Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org

Site UD 86 - Espace militants - Espace formation