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1081806/12/1980POITIERS

DEVANT « VIENNE ÉNERGIE » SEULE LA CFDT CONTESTE L’UTILITÉ D’UNE CENTRALE NUCLÉAIRE À CIVAUX

Une nouvelle réunion de la commission « Vienne-Énergies » du Conseil général se déroulait hier, consacrée cette fois à la position des organisations syndicales représentatives, et d’EDF, sur deux aspects du projet de centrale nucléaire à Civaux : le bilan énergétique et les incidences socio-économiques d’une telle implantation.

L’ampleur des sujets et le nombre des participants expliquent la durée de cette réunion d’information (trois heures et demie) et le fait qu’on ne puisse ici en rendre compte dans le détail. Contrairement à ce qu’on pouvait attendre peut-être, mais c’est sans doute faute de temps, on s’est davantage attardé sur le premier sujet que sur le second, qui comportait pourtant le problème de l’emploi.

Ce qui n’implique pas que le débat y ait perdu en intérêt car la question du bilan énergétique de la région est fondamentale, c’est celle de l’utilité ou non d’une centrale nucléaire à Civaux. La CFDT fut la première à intervenir et la seule à contester cette utilité. M. Fauquet, membre du Conseil d’administration d’EDF, rappela d’abord que la CFDT n’est pas contre le nucléaire, mais résolument opposée aux conditions de mise en œuvre du programme électro-nucléaire français. Pour autant, nous ne sommes pas pour l’austérité, pour une France en crise, mais pour une croissance économique et sociale économe en énergie et pour d’autres rapports entre l’homme et l’énergie ».

C’était déjà situer le débat sur les besoins au niveau national, d’où il ne devait plus guère redescendre. Et pour la CFDT, ce programme « repose sur des prévisions irréalistes et gonflées ». Selon lui, prévoir comme le fait l’État, une augmentation de 40 % en dix ans de la consommation d’électricité dans l'industrie et plus que son triplement dans le secteur résidentiel et domestique, est tout à fait irréaliste et en contradiction avec certains objectifs du Plan.

Ce n'est pas l’avis des autres organisations. La CGC (M. Puech) constate que « sauf fait de conjoncture, la France a encore besoin d’énergie et il ne serait pas scandaleux que le Poitou-Charentes devienne une région exportatrice ». Elle insiste sur le retard en matière d’information sur le nucléaire, en particulier dans l’enseignement et la nécessité pour les industriels de faire des efforts pour qu’un « redéploiement de l’emploi » suive l’implantation du nucléaire. Pour Force Ouvrière, il faut « un développement volontariste du marché des centrales nucléaires, à l’intérieur comme à l’étranger, de manière à multiplier les garanties contre les risques de pénurie : la mévente de l’électricité vaudrait mieux qu’une pénurie d’énergie », et surtout : « La sécurité doit être le premier impératif et passer partout avant la rentabilité ». La CFTC s’est également déclarée « très favorable à un développement rapide du nucléaire, en prenant toutes les précautions, sauf à compromettre le développement de notre région... ».

Les objectifs

Les représentants d’EDF, en réponse aux diverses questions ou interventions, ont été amenés à préciser que les objectifs de consommation énergétique en 1990 étaient de 30 % pour le pétrole (60 aujourd’hui), 30 % pour le nucléaire, 30 % pour le gaz et le charbon et 10 % pour l’ensemble des énergies renouvelables (dont l’hydro-électricité) ou nouvelles. Pour la seule électricité, l’objectif consiste à « faire disparaître quasiment le pétrole de la fabrication » en atteignant, toujours en 1990, 70 % d’électricité nucléaire et 30 % pour le charbon et l’hydraulique.

Or, la moitié Ouest du Pays est « un désert énergétique » qui reçoit en grande partie son électricité du Sud-Est, du Sud-Ouest, voire d’Espagne. Les prévisions de consommation pour le Poitou-Charentes sont supérieures (de 1 %) aux prévisions nationales car elles prennent en compte « un rattrapage du retard d’industrialisation ». Dans cette perspective, la puissance nécessaire à la région, selon l’EDF, triplerait d’ici 1995.

Tout le monde fut d’accord pour reconnaître que des incertitudes persistaient en matière de prévisions, comme pour proclamer la nécessité d’une diversification des énergies, ou encore admettre que les emplois créés ne résoudraient pas ici l’ensemble des problèmes de chômage. Mais nous reviendrons sur certains aspects de ce débat auquel assistaient, pour la commission, MM. Grandon, Chamard, Abelin, Manteau, Gilbert, Quintard, Marcel Bernard, Rideau, Maupin, Fouché, Charpentier, ainsi que MM. Péricard, maire de Civaux et Courault, adjoint.

 

 

le 21/09/2023 à 10:29

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

énergie, nucléaire, région, conférence

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