1088530/01/1980CHAUVIGNY
L’industrie du bois est malade et l’épidémie touche l’une après l’autre les entreprises de la région sans que jusqu’ici ait pu être mise en œuvre, une thérapeutique efficace. Chauvigny, qui fut en son temps, la capitale du petit meuble, en sait quelque chose : depuis le 2 octobre, le dépôt de bilan de la FFA SFA-Renard, a eu pour conséquence immédiate, le licenciement de 69 ouvriers ou employés, lesquels, pour sauvegarder leur droit, ont maintenu un « piquet » d’occupation dans leur usine de la zone industrielle de Peuron. En outre, semaine après semaine, indépendamment des démarches de la municipalité pour contacter des industriels candidats à la succession, des initiatives ont été prises par la CGT pour attirer l’attention sur la grave situation de l’emploi, qui ne cesse de se dégrader dans le chef-lieu de canton. C’est dans le cadre de ces mesures, qu’une opération « ville morte » avait été décrétée, pour hier, sans que l’on puisse y voir une épreuve de force, mais bien une nouvelle sensibilisation des pouvoirs publics et de l’opinion.
Le commerce local, à qui l’on avait demandé de fermer boutiques, n’avait pas reçu de consigne particulière du GCIA, lequel s’interdisant toute prise de position qui pourrait être interprétée dans un sens politique, avait laissé à ses adhérents une totale liberté de choix.
Une trentaine de magasins avaient mis en vitrine l’affichette appelant à l’arrêt de travail entre 15 h 30 et 18 h, mais la moitié d'entre eux avait caché la partie inférieure du tract, faisant référence à la CGT. En fin de compte, la solidarité ou le souci de ne pas se singulariser avait incité la quasi-totalité des commerçants du centre-ville à fermer.
Pendant toute la durée de l’opération - et sans que la circulation soit perturbée - une distribution de prospectus aux entrées de l’agglomération informait les automobilistes des raisons de cette action.
A 17 h, après une vigoureuse sonnerie de cloches par un commando qui avait investi discrètement l’église, M. Francis Martin, secrétaire général de l’Union départementale CGT s’est adressé aux délégations de travailleurs, en présence de M. Jean-Pierre David, maire, et des membres de conseil municipal.
Sur le thème de la sauvegarde de l’avenir, il a rappelé la nécessité de la lutte pour s’opposer à la politique d’austérité du Gouvernement et revendiquer le droit au travail : « Bosser, c’est ce qu’attendent et souhaitent les 14.000 chômeurs de la Vienne, en augmentation de 12,9 % en 1980, ou bien encore les 200 demandeurs d'emplois de Chauvigny dont la majorité sont des jeunes et des femmes !
« La situation du bois dans ce département est préoccupante : fermeture de Renard, licenciements chez Ranger, changement de direction chez Sejalon, Cardot absorbé par CFM, Mescles à Châtellerault en chômage partiel comme à la SIM, difficultés chez Couturier, etc. ».
Un défilé auquel ont participé environ 350 manifestants a ensuite parcouru les rues de la ville.
Dans son intervention de clôture de la journée « Chauvigny, ville morte » dont nous rendons compte en page départementale, M. Francis Martin, secrétaire général de l’Union départementale CGT a dit sa conviction dans les possibilités de reprise de la SFA Renard : « L’usine est viable, les travailleurs sont qualifiés, les machines sont modernes et en bon état, les productions se vendent, des commandes nous en avons et pas seulement en bas de gamme. Pourquoi le préfet de région, M. Maury-Laribière et le liquidateur, le syndic Munaux, ne veulent-ils pas que cette entreprise revive ? Et bien cela est très clair. Cette entreprise ne redémarre pas car c’est une volonté politique du pouvoir et du patronat qui ont décidé de supprimer 18.000 emplois industriels dans la région. C’est comme cela qu’ils organisent systématiquement l’asphyxie de nos localités et de nos industries ».
Photo : Le rassemblement
le 21/09/2023 à 17:49
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
Espace Militants v0.3 - UD CGT 86 - http://cgt-ud86.org