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1090620/02/1981POITIERS

JOURNÉES CINÉMATOGRAPHIQUES — QUESTION GRAVE : POURQUOI LES TRAVAILLEURS NE VONT PAS À CES « JOURNÉES »

Les travailleurs vont-ils aux journées cinématographiques ? C’est la question qui se pose chaque année et que la CGT ramène une fois l’an à l’occasion d’un débat inséré dans la manifestation et réunissant cinéastes et journalistes.

Depuis quelques temps déjà, les états-majors syndicaux se préoccupent des loisirs des travailleurs, sans apparemment que la question progresse beaucoup, car il est prouvé que la plupart des gens, fatigués après une journée de boulot, se contentent de leur téléviseur. C’est la raison pour laquelle, aux journées de Poitiers, on voit beaucoup plus d’intellectuels que de travailleurs de chez Michelin.

Cette année, la CGT a balancé un cadeau empoisonné dans les gencives du patronat : la revendication de deux heures payées à tous les travailleurs pour assister aux journées du cinéma. La réponse, on s’en doute, a été négative.

Hier après-midi, entre deux projections au théâtre, les responsables de l’UD-CGT (Guyonnet et Martin), Marius Berthou, responsable des questions culturelles, ont tenté de définir les moyens à employer pour que les travailleurs soient plus étroitement associés au fait culturel.

Marius Berthou a bâti un diagnostic sévère s’appuyant sur deux signes cliniques : la dégradation accélérée des structures socio-éducatives de notre pays (budget culturel pauvre et disparition des MJC) et la non-participation des travailleurs au fait culturel, malgré les efforts des comités d’entreprise.

La moitié de la population française ne va pas au cinéma et les salles de quartier proches des travailleurs sont en voie de disparition. Au train où on va, il faudra payer 40 F une place de cinéma dans quelques années. Les films français ne représentent que 47 % de la production sur leur propre marché.

Alors, pour la CGT, deux heures payées pour assister aux journées, ce n’est pas une « demande folklorique » mais un droit pour tous à la culture. Le comble, pour la CGT : c’est que l’on a la chance d’avoir cette année un pays socialiste à l’affiche.

Alors, les syndicats ont beau distribuer des affiches dans les usines, l’AGAT a beau envoyer des tracts aux comités d’entreprise, force est de constater que le travailleur n’est pas en marche vers la culture, alors qu’en Pologne, par exemple, compte tenu de prix très bas pratiqués, les ouvriers vont facilement au cinéma.

Question finale qui a été posée par un responsable d’association à la CGT : pourquoi au lieu de faire venir au débat des « culturels », n’avait-t-on pas invité les travailleurs ?

 

 

le 21/09/2023 à 19:41

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

culture, cinéma

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