1091806/03/1981CHATELLERAULT
Les personnels redoutent les orientations du plan quinquennal
Des directives ont été données dernièrement par le Premier ministre en vue de recenser l’ensemble des moyens de formation existant afin de mieux les adapter aux besoins économiques de la région, à l’évolution des emplois...
Analysant les termes employés, les personnels du centre FPA de Châtellerault - comme du reste leurs collègues de toute la France - se posent des questions quant à la place qui sera réservée à leur organisation dans le cadre du plan quinquennal.
A l’appel de leur intersyndicale (CGT, CFDT, FO), ils ont observé une demi-journée de grève hier matin et ont effectué des démarches auprès du sous-préfet, du maire adjoint M. Veggian et du secrétariat de M. J.-P. Abelin, pour faire état de leurs appréhensions ainsi que de leurs revendications.
Celles-ci touchent cinq points essentiels :
• Le budget de fonctionnement leur apparaît tragiquement insuffisant. Ils notent à ce sujet le décalage important existant entre les autorisations de programme et les crédits de paiement Les travaux de construction du centre de Roiffé accusent un retard de trois mois. A Châtellerault, un crédit de 160.000 F est encore nécessaire pour subvenir aux besoins de la section de dépanneurs en automatisme. Le matériel vieillit et ne peut pas être renouvelé dans des conditions satisfaisantes On conseille aux centres FPA de se lancer dans la formation continue mais rien n’a encore été amorcé en ce sens pour l’année 81.
• Les stages de pré-formation de jeunes demandeurs d’emploi risquent de devenir sans objet avec l’application des nouveaux textes législatifs concernant les pactes pour l’emploi, la formation en alternance ou les stages en entreprises.
• La modernisation des sections et leur réadaptation aux besoins se trouvent gravement compromises par la modicité des crédits disponibles. Des problèmes de reconversion se posent à Châtellerault pour plusieurs sections de tôlerie et de mécanique générale, aggravés par les difficultés pratiques d’adaptation pédagogique des enseignants.
• L’hébergement et la restauration risquent à terme de ne plus être assurés dans les centres. D’ailleurs, l’internat n’est pas prévu à Roiffé et il est question un peu partout de transférer la restauration à des entreprises privées.
• En matière de recrutement, on constate que le nombre des demandes de stage a été multiplié par trois et que les centres sont loin de pouvoir faire face. A noter, pour l’anecdote, que les 15.000 demandes en attente à Marseille pourraient assurer du travail au centre de Châtellerault pendant trente ans.
Faisant leur compte, les responsables syndicaux observent que ces orientations risquent d’avoir de graves incidences sur l’emploi. Sur un effectif de quarante-neuf personnes, la moitié pourrait, à terme, être licenciée. Circonstances aggravantes, les centres FPA « qui ont l’avantage d'exister et ont acquis une expérience, voient apparaître avec la bénédiction des pouvoirs publics, de nombreux organismes concurrents », ce qui se traduit par une dispersion des moyens et des crédits.
On peut penser que ce sont là des projections un peu pessimistes, sinon on en arriverait à ce double paradoxe : des organismes ayant un rôle essentiel à jouer dans la crise de l’emploi exposés eux-mêmes au chômage et confinés faute de crédit, de modernisation dans des techniques d’hier ou d’avant-hier alors qu’ils ont pour vocation de préparer les stagiaires à leur avenir professionnel.
le 21/09/2023 à 22:51
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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