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1103918/06/1981LOUDUN

HOWARD-ROTOVATOR A LOUDUN

« Mieux gérée, l’entreprise est viable, sinon un dépôt de bilan en fin d’année ! »

A Loudun, et sans vouloir à tout prix entretenir des rumeurs alarmistes, si rien ne change rapidement du côté de chez Howard-Rotavator, tout pourrait aller au plus mal d’ici la fin de l’année ! Ce constat est actuellement fait par la CFDT qui, très sensibilisée par les récentes « promesses » de licenciement dans l’entreprise, a décidé de frapper le grand coup. « Si des mesures ne sont pas prises dans les plus brefs délais, Howard-Rotavator (l’entreprise moteur du Loudunais) déposera son bilan avant la fin de l'année 1981 » ... dont acte.

Pour étayer ces craintes en la matière, les responsables du comité d’entreprise se sont employés, il y a déjà quelques semaines, à dresser un bilan économique et social, lié à la structure industrielle de Loudun, bilan présenté hier après-midi à la presse : une somme de chiffres et d’éléments permettant de mieux comprendre certains aspects du fonctionnement de Howard-Rotavator.

Nantis de tous ces éléments, nous avons tenté de les confronter à ceux de la direction (en l’occurrence M. Wilson), qui n’eut, hélas, pas de temps à nous consacrer.

Oui, à Loudun, le climat n’est pas des plus rassérénant à la suite des différentes vagues de licenciements ayant frappé en tout et pour tout, depuis 1979-80, plus de cent salariés. Tout le monde ici se sent concerné par les conséquences de la fermeture d’une telle entreprise, qui emploie aujourd’hui 388 employés.

Les commerçants, la vie associative à quelque niveau que ce soit, pourraient en effet prendre un mauvais coup si la barre n’était pas redressée rapidement.

Un peu d'histoire

Howard-Rotavator, filiale du groupe Howard-Machinery Limited, est installée ici depuis 1971, en venant de la région parisienne. Ce groupe Howard est constitué de 19 filiales (Italie, USA, Allemagne, Irlande, Australie, Autriche, Nouvelle-Zélande, Brésil, Grèce, etc.), détenues et enregistrées en Angleterre. « HR France » est spécialisée dans la fabrication de houes rotatives et de machines à vendanger, ainsi que de presses à paille du type « Big Baler » et autres matériels. Le chiffre d'affaires a progressé constamment depuis 1971, passant de 51 millions de francs à 110 millions en 1979. Selon la CFDT : « Les difficultés ont commencé pendant l’exercice 1979-80, déficitaire de 80 029 F ».

Les premiers licenciements

En septembre 1980, la direction d’HR déposait un projet de 38 licenciements, appliqué un peu plus tard. « Seul du personnel indirect était frappé par cette mesure ».

Il y a quelques mois, en avril, une seconde « charrette » de 9 cadres et assimilés était soumise au CE et acceptée par l’administration et, plus récemment encore, un troisième projet de licenciement portant cette fois sur 70 salariés était déposé, dont 23 « indirects ». Durant ces dernières années, et c’est ce qui rend amer ici, « les dirigeants d’HR ont bien diversifié la gamme de houes rotatives en négligeant la recherche vers d’autres produits, à l’exception de la machine à vendanger ».

Dans le même temps, une saturation du marché de la houe rotative (arrivée sur le marché de matériels italiens et espagnols à des prix inférieurs de 30 %) contribuait à la baisse des ventes. « Bien que le marché de la machine à vendanger ait connu des débuts prometteurs, une mauvaise politique commerciale a conduit notre société, qui détenait 50 % de marché, à en perdre la moitié. Toutefois, la situation d’Howard n’est pas aussi catastrophique que veulent le faire croire les dirigeants ».

Le chiffre d’affaires, entre avril 80 et avril 81, est tombé de moins 5,45 %. Cette baisse est liée à la vente de matériels de moindre coût ; le niveau des ventes à l’heure actuelle correspondant aux objectifs fixés début novembre 80, pour les six premiers mois de l’exercice en cours. « Dans le même temps, les effectifs ont connu une baisse de 17,79 %, entraînant une masse salariale de 12,79 %. Bien que le niveau des stocks soit important (2.000 machines), il se situe sensiblement au même qu’en avril 1980 ».

Bloquer la machine à licencier...

En ce qui concerne la trésorerie, le recours à l’emprunt, qui atteint 16 millions de francs « s’explique par le volume important des achats effectués au cours des derniers mois pour la fabrication des machines à vendanger (moteurs, pièces hydrauliques). Tous ces chiffres montrent donc que HR est bien viable ».

Selon nos interlocuteurs, un climat alarmiste est donc volontairement entretenu ici (chiffres artificiellement « gonflés » ou au contraire réduits) et pour éviter une catastrophe économique, par le licenciement collectif interposé, « il faut bloquer la machine à licencier ».

C'est en tout cas, ce qui ressort des explications fournies hier.

« Il faut, pour relancer notre activité, imposer aux dirigeants d’HR qu’ils revoient totalement leur politique commerciale et faire arrêter le démantèlement des secteurs vitaux de l’entreprise ». (Le service après-vente, le bureau d’études et le service prototypes sont en effet lourdement menacés).

C’est donc dans cette optique que la CFDT tire la sonnette d’alarme, en sollicitant autorités préfectorales compétentes (...) et ministères concernés (le ministre de l’Industrie, M. Pierre Joxe, a d’ailleurs en main le document chiffré économique et social traitant de « l’affaire » Howard-Rotavator). Elle demande instamment aux pouvoirs publics de stopper cette nouvelle mesure de licenciements évoquée ci-dessus et qui conduirait l’entreprise à la catastrophe. « Il faut également intervenir auprès des banques pour que de nouveaux moyens financiers soient consentis à Howard, si nécessaire... ».

 

 

 

le 03/10/2023 à 09:04

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

métallurgie, agricole, licenciement, historique

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