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Interpeller : le terme est ambigu. Pour cette raison, il traduit peut-être assez bien la démarche des travailleurs de chez Gallus qui ont lâché vendredi, après-midi l’occupation de leur usine pour se porter, à la demande de la section CGT, au-devant de Mme Edith Cresson, afin de lui demander des explications avec une hardiesse somme toute amicale.

Alors qu’elle arrivait à sa mairie de Thuré, vers 15 h 15, ils s’empressèrent de faire le cercle autour d’elle, puis voulant bien admettre qu’on ne pouvait discuter sérieusement sur le milieu de la route, acceptaient sa proposition. A Lencloître où elle allait présider l’assemblée générale du syndicat d’eau, elle s’arrangerait pour les recevoir dans une salle. C’est la raison pour laquelle, tout au long du périple et au cœur même du chef-lieu, les braves gens entendant les klaxons d’un cortège motorisé crurent avoir affaire à une manifestation de producteurs de lait alors qu’ils étaient les témoins de la première action concrète déployée par les travailleurs de l’entreprise de matériel dentaire.

« Il faut aller au-delà des promesses verbales », s’empressèrent-ils de dire à Mme E. Cresson, à travers qui se trouvaient visés les pouvoirs publics. « Aucune solution concrète n’est donnée par le gouvernement !... ». A quoi le ministre de l’Agriculture eut beau jeu de rappeler qu’un point important était acquis : la reprise par Jaeger qui a du reste fini par accepter de s’engager financièrement.

« Gallus repartira, nous en prenons acte, déclara M. Lucas, son interlocuteur principal, mais jamais nous n’admettrons que l’effectif se limite à 60 salariés comme prévu, alors que nous sommes 160. Nous voulons des garanties sur l’emploi (nombre et conditions), compte tenu des propositions concrètes que nous avons faites pour regarnir le carnet de commandes ».

« Je vous entends bien », leur dit en substance le ministre de l’Agriculture, qui rappela ses interventions personnelles auprès du CIASI mais déplora le retard pris par suite des hésitations de Jaeger et... de l’absence des divers interlocuteurs partis en vacances. Car, « Pour débattre de l’emploi et de ses conditions, Il faut que la société soit officiellement mise sur pied ».

La rose aura-t-elle un effet magique ?

L’interlocutrice du CIASI (Comité interministériel d’aménagement des structures industrielles) rentre lundi. La section Gallus tiendra une nouvelle réunion également lundi. Peut-être ne sera-t-elle pas obligée de franchir un nouveau degré dans l’escalade.

A la forte persuasion des arguments que Mme Cresson a exposés s’ajoutera l’effet magique d’un geste auquel son interlocuteur de la CGT ne s’attendait pas. A la fin de l’entretien, elle se dessaisit d’une belle rose qui ne l’avait pas quittée au cours de la réunion : « Tenez, lui dit-elle, je vous la donne ! ».