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0010902/09/1899POITIERS

Grève du bâtiment - affiche

Le Comité de grève a fait afficher sur les murs de la ville le placard suivant :

CHAMBRE SYNDICALE DES OUVRIERS DU BATIMENT COMITE DE GRÈVE

Aux habitants de Poitiers

Chers concitoyens,

Depuis quatre semaines les ouvriers tailleurs de pierre, maçons, terrassiers, bardeurs et manœuvres, ont dû cesser le travail.

Nous avons fait appel à tous les hommes de cœur pour venir en aide aux victimes du chômage. Cet appel nous le renouvelons.

Nous venons aussi exposer publiquement nos revendications et répondre à MM. les entrepreneurs qui prétendent que, vu leurs travaux en cours d’exécution ils ne peuvent nous donner satisfaction.

Nous avons agi loyalement avec eux, tous vous pouvez en juger.

Le 2 février, alors que les marchés n’étaient pas encore traités, qu’aucuns travaux n’étaient en cours d’exécution, nous prévenions MM. les entrepreneurs de notre intention de réviser nos tarifs et de demander une augmentation des salaires et sollicitions d’eux la nomination d’une délégation pour une entente commune.

Au nom des employeurs qu’il avait convoqués M. Lemoine nous répondait :

Que, vu le peu d’entrepreneurs présents à la réunion, aucune délégation n’avait pu être nommée et nous invitait à préciser nos revendications.

Le 2 mars, alors que les chantiers n’étaient pas encore en activité, satisfaction leur était donnée.

Nos revendications étaient ce qu’elles sont aujourd’hui.

Tailleurs de pierre 0,50 à 0,55 de l’heure. - Maçons 0,45 à 0,50 – Terrassiers, bardeurs, 0,40 à 0,45 – Manœuvres, porte-mortier 0,30 à 0,35.

La durée de la journée de travail était fixée à 10 heures. Ces prix réclamés sont modérés et répondent à peine aux exigences de la vie, vu les nombreuses pertes de temps imposées à notre corporations par les mauvais temps et la saison d’hiver.

MM. les entrepreneurs n’ont pas daigné répondre.

Le 25 mars nous leur avons adressé une troisième lettre leur déclarant que, vu leur peu d’empressement à nous répondre, nous les rendions responsables des évènements qui pourraient se produire ; sans réponse, c’est par la voix de la presse que nous les avons prévenus à nouveau. Nous avons donc épuisé tous les moyens de conciliation, nous avons voulu l’entente, MM. les entrepreneurs l’ont refusée.

Nous avons dû cesser le travail, quatre semaines de chômage n’ont fait faiblir aucun de nous. Mais elles n’ont pas modifié l’entêtement de MM. les entrepreneurs, qui espèrent nous gagner par la famine.

Alors nous nous sommes adressés au Conseil général pour qu’il mette en explication le minimum de salaire pour les ouvriers travaillant pour le compte du département et qui a accepté nos revendications.

Nous adressons la même demande au Conseil municipale pour les travaux de la commune. Nous sommes assurés que ce que nous demandons sera accordé pour les travaux de l’État.

Nous nous adressons aux propriétaires, à tous les hommes de cœur qui veulent que l’ouvrier gagne sa vie en travaillant et nous leur demandons de mettre les entrepreneurs de leurs travaux en demeure de les faire exécuter et de nous donner satisfaction.

S’ils refusent nous leur demandons de s’adresser directement à nous pour l’exécution et tous nous y trouverons avantage, l’ouvrier gagnera la vie de sa famille, le propriétaire aura une notable économie.

Notre cause est trop juste pour que toute la population poitevine ne prenne pas notre défense et ne nous vienne pas en aide, les uns par leurs souscriptions pour les victimes du chômage, les autres en nous confiant les travaux qu'ils auraient à exécuter.

Le comité,

Les offres de travaux devront être adressées à la Bourse du Travail, Hôtel de Ville, au secrétaire du comité.

 

 

le 03/02/2020 à 14:23

Source : L'Avenir de la Vienne

grève, bâtiment, propagande, affiche

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