1111225/09/1981CHATELLERAULT
C’est devant l’Agence nationale pour l’emploi que s’est tenu hier le meeting de la CGT, seconde opération spectaculaire - après le boycott de l’inauguration de la foire exposition. Déployées devant cet établissement où se trouve ancrée la détresse de six mille demandeurs du bassin châtelleraudais, les banderoles faisant état des liquidations, licenciements, réductions d’horaires, prenaient valeur d’interpellation. Mises en mouvement par le défilé qui parcourt ensuite les rues de la ville, celles-ci permirent aux Châtelleraudais de mieux prendre la mesure du fléau qui assaille notre région et commence à faire sentir ses effets chez les commerçants tout en faisant toucher du doigt la précarité de notre industrialisation.
Certes, la CGT, tout en appelant à la grève dans les entreprises n’avait pas réussi à rassembler les gros bataillons. Les responsables invoquent « l’attentisme » qui s’est emparé de la population ouvrière depuis le 10 mai, en lui faisant espérer que le gouvernement réglerait tous ses problèmes.
Mais, précisément, dans leurs interventions, Jocelyne Lecomte, secrétaire de l’Union locale, et M. Jallais, secrétaire du Comité régional se sont attachées à dénoncer cet état d’esprit pour exhorter leurs troupes à poursuivre un combat, dont le sens n’est plus le même mais qui pour eux conserve toute sa raison d’être. L’une et l’autre prononçant un jugement sévère sur la politique menée par le précédent gouvernement, ont salué la « victoire de la gauche » et les perspectives « positives » qui s’en dégagent tout en insistant sur deux faits : « Le patronat conserve le pouvoir économique » et « il y aurait danger pour la classe ouvrière de déléguer son pouvoir à la majorité nouvelle ».
L’une et l’autre saluent « l’action exemplaire » menée par leur organisation dans le Châtelleraudais pour remédier à l’affaissement progressif de nos structures industrielles, ils préconisent le refus systématique des fermetures et suppressions d’emplois et la concertation de toute urgence autour d’une « table ronde » (patronat - syndicats - pouvoirs publics) aptes à définir en s’inspirant notamment « de plans de relances établis par la CGT », un plan d'ensemble de maintien et de développement du potentiel industriel.
Car ce qui importe, c’est de gagner rapidement la bataille de l’emploi. Mais « un mur de silence s’est abattu » qu’il convient de briser…
Des formules qui sont tout un programme
Tandis que Jocelyne Lecomte refaisait le point de la situation et rappelait les objectifs poursuivis localement, le secrétaire régional redéfinissait les positions de la CGT en égrenant des formules bien frappées dont voici les plus significatives :
- s’il y a une force qui ne s’est pas épargnée dans les combats quotidiens pour qu’un pouvoir plus conforme à leurs intérêts (des ouvriers) soit élu le 10 mai, c’est bien nous ;
- le nouveau gouvernement a pour cadre d’exercice le programme du Président de la République, programme progressiste mais éloigné en qualité et quantité du programme de la CGT ;
- le peuple... ne s’est pas suffisamment inspiré du programme de la CGT... Ce choix nous le regrettons, mais le respectons comme une étape à réussir absolument pour engranger le plus d’acquis sociaux pour donner à partir de cet acquis la dynamique nécessaire aux luttes sociales. Cela nous semble d’autant plus possible que, sur certains points, nos revendications ont été prises en considération (amnistie, non-contribution des fonctionnaires à l’indemnité de chômage, droits nouveaux pour les syndicats) ;
- les deux questions principales ne sont pas jugulées : l’inflation et le chômage ;
- pour le CNPF, l’expérience française est un danger dans la mesure où la place et le rôle de la classe ouvrière, dans le pouvoir, peuvent progresser jusqu’à une rupture avec le capitalisme ;
- le 10 mai relance la lutte des classes et le mouvement social à partir d’une défaite de la droite ;
- nous sommes à l’entreprise aux premiers postes du combat mais nous ne sommes pas, dans le changement en cours, les premiers à en ressentir les effets palpables ;
- aux sabotages du patronat s’ajoutent les pesanteurs administratives et la force d’inertie des technocrates qui campent depuis vingt ans dans les ministères ;
- les employeurs peuvent compter sur nous pour développer les actions nécessaires... s’ils ne mettent pas les pendules à l’heure de la négociation ;
- nous jugerons l’action du gouvernement non pas comme un collège de procureurs mais comme un syndicalisme constructif et sérieux doit le faire en toute indépendance.
En définitive, détermination, indépendance et... l’art de cheminer droit vers l’objectif sur les lignes courbes imposées par les circonstances, telles sont les caractéristiques de l’action définie par le secrétaire du comité régional qui proclame bien fort « nous n’accepterons pas la détresse des familles du Châtelleraudais ! ».
Photo : Le défilé en ville après le meeting
le 03/10/2023 à 20:37
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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