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1112709/10/1981CHATELLERAULT

LES DÉLÉGUÉS DE DOMINE EN JUSTICE — LE TRIBUNAL SE PRONONCERA DEMAIN

Quatre représentants CGT du personnel des sociétés UMDI et SIV de Naintré, qui occupent actuellement l’usine, étaient hier matin traduits en référé devant le tribunal de grande instance de Poitiers. C’est la direction d’une autre société, les Filtres et Crépines Johnson qui leur reprochait une entrave à la liberté du travail. Après avoir entendu les deux parties, en présence d’une cinquantaine de travailleurs venus soutenir leurs camarades, mais dans une ambiance relativement sereine, le président du TGI, M. Oriol, s’est accordé jusqu’à demain samedi pour rendre sa décision.

Si les procédures de référé sont devenues courantes dans les cas d’occupation d’usine, c’est d’ordinaire la direction qui poursuit son personnel en grève. Ici, la situation est moins simple. Les sociétés UMDI et SIV sont en règlement judiciaire et 178 salariés occupent l’usine. Mais sur les mêmes lieux sont imbriqués des locaux loués à la société FCJ. Des portes ont été condamnées et pour accéder à certains ateliers, les salariés de FCJ doivent passer devant le piquet de grève des employés de l’UMDI.

Me Pagot, représentant la direction de FCJ, a exposé au Juge comment, samedi dernier, le piquet de grève a interdit l’accès des locaux aux salariés de l'entreprise qui venaient travailler en heures supplémentaires : « Un délégué d’UMDI a fait une lettre à la direction de FCJ pour fixer les horaires de travail de cette entreprise ». La société a une commande à satisfaire, la direction du Travail l’a autorisée le 25 septembre à effectuer des heures supplémentaires : « Elle en est empêchée, et il s’ensuit un préjudice d’exploitation ».

Par ailleurs, les grévistes se sont également opposés au travail de nuit d’un seul ouvrier « sur une machine très chère qui doit travailler 24 heures sur 24 » ajoute l'avocat. Il récuse les conditions de sécurité invoquées par les grévistes : « Il n’y a pas de problème et de toutes façons, ce n’est pas de leur appréciation ».

« Une provocation »

Sur ce dernier point, les délégués apporteront des arguments contraires. Non seulement ils estiment que la sécurité de ce salarié n’est pas assurée, mais ils relèvent que ladite machine, jusqu’à maintenant, n’a jamais été utilisée jour et nuit : « C’est une affaire montée de toutes pièces utilisant la malléabilité d’un travailleur d’ailleurs intérimaire ».

Pour MM. Larcher, Mesmin, Richard et Bobier, le fait de faire effectuer des heures supplémentaires devant des salariés licenciés, et cette procédure qui en est la conséquence, est en effet « une provocation inspirée par l’aveuglement anti-syndical, une véritable agression à la veille de la table ronde sur l’emploi qui doit réunir les différents partenaires à la préfecture ».

Il faut ici souligner que les sociétés en cause ne sont pas étrangères, puisque le président de FCJ, M. Bachy, est l’ancien PDG d’UMDI et actionnaire de la société qui propose de reprendre celle-ci.

C'est pour éviter « tout acte grave, inutile ou dangereux » lors des allées et venues devant le piquet de grève, que les occupants ont cru bon de s’opposer aux heures supplémentaires. Et ce n'est pas « en victimes expiatoires, mais en accusateurs » qu’ils se présentent devant le tribunal, car pour eux la véritable entrave au travail, ce sont les licenciements.

Des représentants de l’UD-CGT et du PCF soutenaient également les délégués poursuivis. Le délai que s’est accordé le président sera peut-être aussi mis à profit pour trouver une solution de compromis.

 

 

le 10/10/2023 à 18:12

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

occupation, justice

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