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1112810/10/1981POITIERS

LA TABLE RONDE SUR L'EMPLOI PRÉSIDÉE PAR Mme CRESSON

Une première confrontation qui en déclenche d’autres
Le dossier de Domine sera revu par Elf-Aquitaine

La table ronde présidée hier à la préfecture par Mme Edith Cresson, ministre de l’Agriculture sur la situation de l’emploi en général dans le département, et plus spécialement sur les secteurs en difficulté comme le Châtelleraudais, débouche sur deux résultats concrets. Pour l’usine métallurgique de Domine (Naintré), le projet prévoyant 178 licenciements va être repris et le dossier reconsidéré. Et deux autres réunions plus restreintes, consacrées à des secteurs géographiques localisés, sont prévues dans un délai très court.

On aura beau jeu de dire que ces trois heures de « bavardages » n'aboutissent finalement qu’à d’autres bavardages, et que rien n’est résolu. Au travers des réactions des uns et des autres, il peut apparaître au contraire qu’il y a quelque chose de changé au moins dans la manière d’aborder le problème et d’envisager les solutions…

Personne ne s’attendait à voir s’élaborer des décisions définitives à l’issue d’une réunion aussi lourde puisqu’elle ne rassemblait pas moins de 63 participants : autour du ministre et du préfet, MM. Cartraud et Verdon, députés ; M. Chamoret, suppléant de M. Santrot, empêché, et des représentants de l’Union patronale, de la Chambre de Commerce et d’Industrie, de la Fédération du bâtiment, des syndicats CGT, CFDT, FO, CFTC, de la Société de développement régional SODECCO, de l’Association Ouest-Atlantique, de la Direction du Travail, de l’ANPE et de la préfecture, enfin des représentants du groupe Elf-Aquitaine (pour l’affaire Domine) et de la Société Gallus. Un absent de marque, M. Monory : on en lira ci-dessous l’explication. Cette initiative n’a donc pas suscité de « consensus » politique parmi les élus du département.

Mais c’était la première réunion de ce type, et après trois heures de débats, chacun s’accordait à lui reconnaître au moins le mérite d’avoir eu lieu. Et même un peu plus que cela, ne serait-ce qu’en considération des deux dossiers les plus urgents.

S’agissant de Gallus, le ministre a confirmé que la nouvelle société est constituée, et que plus rien ne s’oppose à son démarrage après l’agrément du tribunal de commerce, qui interviendra au plus tard le 19 octobre.

Quant aux sociétés UMDI et SIV (Usine métallurgique de Domine), le plan de « relance » sera reconsidéré : M. Lecat, un proche collaborateur du Pdg d’Elf-Aquitaine, Albin Chalandon, participait à la réunion et doit s’en entretenir dès mercredi prochain avec les représentants du personnel et le syndic. Mme Cresson devait faire état d’autres initiatives telles que la reprise de l'entreprise Suter, pour laquelle un local est trouvé à Naintré ou encore d’une mission sur l’industrie du bois.

Vers une « structure permanente » ?

Bien sûr, en regard du préjudice ou de l’angoisse des chômeurs ou des salariés menacés de licenciement, ces solutions pourront paraître insuffisantes. Le ministre s’efforce de les faciliter et les appuie au nom de la durée et de la solidité : « Il faut définir d’abord des stratégies industrielles, et quand c’est possible s’appuyer sur des groupes sérieux pour organiser les restructurations qui doivent s’accompagner d’un plan social ».

Cela peut-il donner satisfaction par exemple à la CGT, qui avait axé l’essentiel de sdn intervention sur ces cas d’entreprises en difficulté ? Ce n’est pas certain dans la mesure où elle considère que le redressement de « l’appareil productif de la Vienne ne réussira que si les questions immédiates sont bien et vite traitées : maintenir l’emploi là où il existe, améliorer les conditions de vie, de travail et de salaire des travailleurs… Ses représentants, à la sortie, réservaient leur appréciation définitive.

Sur d’autres entreprises que Domine et Gallus, et par exemple sur le secteur du bois où ils préconisent la définition d'une politique régionale cohérente, les perspectives ne sont guère éclaircies.

Pour la suite et quant à la manière de traiter localement le problème du chômage, la CGT préconisait « une meilleure information économique pour les travailleurs et la démocratisation d’organismes tels le CODEFI ». La CFDT avait elle-aussi présenté comme priorités une liste d’entreprises en situation délicate. Mais elle a mis l'accent sur l’avenir à plus long terme et on sait qu’elle penche pour la mise en place d’une structure permanente, un « comité local de l’emploi », au niveau de chaque bassin d’emploi.

Élus et organisations professionnelles et syndicales y seraient représentés. La CFDT a par ailleurs suggéré l’adoption d’une « procédure d’urgence pour déterminer qu’une entreprise est en difficulté ». Et pour celles qui vont bien, la mise en route des « contrats de solidarité » annoncés par le gouvernement, « par exemple à la SFENA ».

C’est sur sa proposition qu’un calendrier a été arrêté pour des réunions plus restreintes : employeurs, syndicats, élus et administration se retrouveront le 29 octobre pour chercher des solutions aux problèmes du Châtelleraudais, et le 3 novembre pour le secteur de Poitiers (puis sans doute sur le Montmorillonnais). Est-ce un pas vers cette « structure permanente » où la grande nouveauté serait la présence des organisations syndicales ?

Mme Cresson le voit ainsi. Elle estime que « les syndicats ont leur place partout, les travailleurs étant concernés au premier rang par la vie de leurs entreprises ». Mais elle ne souhaite manifestement pas brusquer les choses et s’en remet au « pragmatisme ».

Le patronat sceptique

Brusquer les choses, à l’évidence, ce serait d’abord brusquer le patronat. On se doute qu’il envisage sans enthousiasme certaines des perspectives avancées. A l’issue de cette table ronde, où une délégation diversifiée d’employeurs était venue avec bonne volonté, M. Lenoir, président de l’Union patronale, nous déclarait que l’amélioration de l'emploi « reste avant tout subordonné à une relance de l’activité, en premier lieu et surtout pour le bâtiment et les travaux publics, au moyen de commandes publiques ». Manifestement sceptique quant à l’efficacité de ce genre de réunions – « qui ne doivent pas se reproduire trop souvent car notre place est d’abord dans nos entreprises » - il ne ferme cependant pas la porte aux concertations à venir. Les employeurs avaient suggéré des réunions par branches plutôt que par secteurs géographiques, mais ils seront aux rendez-vous arrêtés hier…

J.-P. MERCIER.

 

 

le 10/10/2023 à 18:15

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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