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1115628/10/1981CHATELLERAULT

DOMINE : CRISPATION À LA VEILLE DU SECOND FACE À FACE

A 10 h 30 aujourd’hui, les représentants des différentes catégories de personnel des sociétés UMDI et SIV de Domine se retrouvent à la sous-préfecture face aux repreneurs (Elf et ses partenaires) pour donner réponse aux propositions faites il y a huit jours par ces derniers : reprise de 128 salariés assortie d’un plan de formation pour les jeunes et d’une promesse de reprise prioritaire des anciens salariés de Domine, pour une durée de 18 mois, si les résultats le permettent.

Le « comité d’entreprise commun », déclarant épouser les propositions de la CGT, dénonce dans un tract largement diffusé « les manipulations et les “magouilles” favorables aux thèses patronales » et s’exprimant ainsi, montre du doigt les cadres « qui n’ont pas eu le courage de venir s’expliquer au débat contradictoire » de lundi. Il réaffirme ensuite ses exigence : mise en retraite de 56 salariés pouvant bénéficier du FNE, embauche immédiate des 112 salariés figurant sur la première liste, des 14 élus et mandatés CGT licenciés, des cinquante cas sociaux relevés parmi les licenciés, réembauche enfin dans le cadre d’une convention étendue à 18 mois des 56 salariés restant sur la touche avec garantie de ressources intactes. Le comité d’entreprise prend argument des aides diverses dont bénéficiera l’opération (rachat à bas prix des stocks, aide de l’État, participation SODECCO) pour maintenir ses positions en affirmant « la diminution dans l’immédiat de 38,9 % de l’effectif pose déjà un grave problème de productivité... C’est un seuil. Toute autre alternative serait suicidaire ! ».

 

« Le 9 juin dernier, les sociétés SIV et UMDI à Domine étaient déclarées en état de règlement judiciaire par jugement du tribunal de commerce de Châtellerault, à la suite du dépôt de leur bilan.

De nombreuses réunions ont eu lieu en juillet et août, avec la participation active et efficace des pouvoirs publics et du CIASI qui ont abouti à une offre de reprise, en date du 17 septembre 1981, par une société qui doit être constituée entre Elf-Aquitaine - Soletanche - SIF - Foraid - Foraco.

Cette proposition a reçu l’approbation du tribunal de commerce de Châtellerault, par jugement du 10 octobre 1981.

En annexe à leur lettre de proposition, les « repreneurs » communiquaient la liste des 112 salariés qu’ils entendaient reprendre pour continuer l’activité.

Ce projet entraînait aussitôt une vive réaction qui aboutissait à une occupation de l’usine.

A l’issue de trois journées de négociations, entre les représentants du personnel et la future société d’exploitation, il était posé les bases d’un accord possible sur les données suivantes :
- sauvegarde de 16 emplois supplémentaires, plus création de 5 postes nouveaux, portant à 128 le nombre de salariés conservés et à 133 le nombre total d’emplois ;
- priorité de réembauchage aux anciens salariés portés contractuellement à 18 mois (délai légal 6 mois) ;
- proposition de contrats de formation, en fonction des besoins, dans les 2 ou 3 mois à compter de la reprise de l’activité.

Il semble d’après les récentes déclarations du personnel que, depuis la dernière réunion qui s'est tenue, le désaccord demeure et qu’il existe donc, à quelques heures d’une nouvelle réunion, un risque important d’échecs des négociations qui vont aboutir à la fermeture définitive de l’usine.

Devant la gravité de la situation j’estime qu’il appartient au syndic, en toute indépendance, de faire le point et d’inviter chacun à exercer efficacement ses responsabilités en considérant la situation avec réalisme et sans passion.

Au lendemain du dépôt de bilan, et à l’issue des premières réunions au CIASI, il n’existait personne qui veuille prendre le risque et la responsabilité de reprendre cette activité.

Il faut rendre hommage au travail accompli par les pouvoirs publics et le CIASI pour trouver des partenaires présentant les garanties voulues et les convaincre de réaliser l’opération qu’ils proposent aujourd’hui.

La restructuration indispensable des entreprises SIV et UMDI obéit nécessairement à des impératifs qui ne peuvent être transgressés, au risque de se retrouver à nouveau dans une situation difficile d’ici quelques mois.

Il est donc non seulement normal, mais impératif, que les repreneurs qui sont des gens sérieux, étudient avec soin l’effectif nécessaire pour redémarrer une activité dans de bonnes conditions, leurs possibilités à cet effet sont nécessairement limitées.

De même, il est impératif que l’entreprise bénéficie, dès son redémarrage, d’un fonds de roulement suffisant pour alimenter ses besoins. A cet effet, les conditions faites pour la cession des stocks, qu’il est navrant de voir qualifier de « cadeaux », constituent une contribution indispensable à la constitution de ce fonds de roulement, sans laquelle l’opération n’aurait pu être mise sur pied et non pas une « prime » payée aux repreneurs, qui pourrait leur permettre de sauver plus d’emplois.

C’est en fonction de ces conditions que le plan de redémarrage a pu financièrement être mis au point, celles-ci sont connues des élus du personnel, depuis le comité d’entreprise qui s’est tenu le 25 septembre et ne peuvent donc constituer un élément nouveau susceptible de modifier les possibilités de réembauchage.

Après une continuation directe d’activités difficiles, l’usine est paralysée depuis fin septembre et à ce jour a perdu pratiquement tous ses clients.

Le personnel qui doit être conservé et qui n’a donc pas été licencié est actuellement payé par l’entreprise, sans produire, et ne pourra donc être maintenu dans cette situation au-delà de fin octobre, faute de disponibilités financières, ce qui signifie que ces salariés devront être licenciés à la fin du mois.

Si la solution qui a été mise au point ne peut être mise en œuvre immédiatement, il sera illusoire d’espérer ultérieurement un sauvetage de l’entreprise sur les bases actuelles.

Nous avons hélas déjà vu, dans d’autres départements, des plans de sauvegarde trop hâtivement repoussés, pour aboutir ensuite à des solutions considérablement moins bonnes sur le plan de l’emploi, quand ces solutions peuvent encore être trouvées.

Je souhaite qu’à quelques heures de la réunion qui doit avoir lieu, chacun réfléchisse à cette situation et se souvienne qu’à force de trop vouloir on finit par tout perdre.

Bernard MUNAUX

 

 

le 10/10/2023 à 19:48

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

restructuration, emploi, reprise, syndic

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