1138727/02/1982CHATELLERAULT
L’insolite se manifeste presque quotidiennement sur le chapitre de la vie sociale dans le Châtelleraudais. On a vu l’autre jour se former un piquet de non-grévistes chez Aigle-Hutchinson. Hier, par le canal de leur syndicat CFDT, les 58 travailleurs de De Prémonville (spécialisé dans la fabrication d’outils tranchants) faisaient connaître qu’ils étaient prêts à remettre en marche leur usine paralysée depuis le 23 décembre. Ce comportement est d'autant plus inattendu que les mêmes travailleurs occupaient les locaux depuis plusieurs semaines. Un bref rappel des faits tel que le délégué syndical, D. Aubier a bien voulu nous le faire au cours d’une conférence de presse, permettra toutefois de mieux saisir leur motivation.
A l’annonce des trente-neuf premiers licenciements, le 23 décembre, le personnel décidait d’occuper les lieux en faisant valoir qu’avec les dix-neuf salariés restant, en place, leur usine réduite aux dimensions d’un petit atelier, n’avait plus la structure suffisante pour assurer sa production. Depuis lors, l’idée d'une reprise n’a jamais été totalement écartée et le personnel a suivi avec intérêt les démarches d’un certain nombre de visiteurs tout en espérant qu’une éventuelle solution pourrait s’articuler sur le plan de relance de la machine-outil, etc., pouvant bénéficier d’une aide financière sous forme de prêt bonifié et d’un plan de formation facilitant le recyclage.
Le 19 février, les dix-neuf travailleurs formant le reste de l’effectif et maintenant une structure minimale étaient à leur tour licenciés. Les perspectives de reprise allaient-elles du coup être anéanties ? Face à cette situation nouvelle, les travailleurs dans leur ensemble, proposaient donc de ranimer l’usine pour sauvegarder son potentiel dans la mesure du possible. Ils firent en ce sens une démarche auprès du syndic Maître Martin lui demandant, en premier lieu, de rétablir le téléphone, l’alimentation en gaz et l’approvisionnement.
Le syndic pour des raisons juridiques (le personnel se trouvant, nous l’avons dit intégralement licencié), ne crut pas pouvoir accéder à leur demande. Ses interlocuteurs lui reprochent de donner le pas au légalisme sur cette autre considération à leurs yeux primordiale : maintenir l’emploi en sauvegardant l’outil de travail.
La CFDT ne veut cependant pas en rester là, elle a décidé d’effectuer des démarches auprès des pouvoirs publics avec l’espoir de voir à nouveau tourner les machines dans un bref délai.
Nous avons tenté de solliciter le point de vue de Me Martin. Nous n’avons malheureusement pas pu le joindre.
le 24/10/2023 à 19:59
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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