1147103/04/1982CHATELLERAULT
Des parlotes à la réalité des 6.000 demandeurs
La quatrième réunion du comité loca1 pour l’emploi s’est tenue vendredi après-midi à la salle de la Redoute. En la personne de M. Guillou, c’est la branche patronale qui assurait la présidence au sein d’une assemblée composée de syndicats (CGT, CFDT, cadres et travailleurs chrétiens), d’élus parmi lesquels M. Verdon, député, Mme Abelin, maire de Châtellerault, MM. Sauvion, J.-P. Abelin, Givelet et Archambault, conseillers généraux, enfin d’observateurs invités permanents, en l’occurrence : MM. Laroche, directeur régional de l’ANPE et Sanchez, directeur par intérim de l’antenne locale ; Sire et Toussaint, représentant respectivement la chambre de Métiers et la chambre de Commerce, MM. Kerhoas de la direction départementale du Travail et Berthault, inspecteur du Travail.
Après lecture d’un procès-verbal de la précédente réunion, M. Guillou porte à la connaissance des participants un courrier de la CFDT, proposant comme points de discussion : l’examen des contrats de solidarité à la lumière des statistiques professionnelles, le problème de la suppression de la section métaux en feuilles à Loudun, les possibilités de chantiers offertes par les HLM, la répartition des chômeurs par tranches d’âges, l’étude d’un système de transport en commun à destination de la zone industrielle. Personne n’émet d’objection à cet ordre du jour qui interférera avec les questions restées en suspens lors de la précédente réunion pour donner aux débats, en dépit des efforts du président, une impression de prolixité. Certes on ne peut s’attaquer à l’emploi sans vouloir extirper les racines du chômage qui ont parfois des prolongements insoupçonnés. D’où la tendance des participants à s’éloigner du domaine imparti au comité. D’où aussi ce sentiment de gaspiller parfois du temps en bavardages.
« Voulons-nous nous attarder à des parlotes ou aborder franchement la réalité des six mille demandeurs recensés dans le bassin d'emploi du Châtelleraudais ? » C’est la CGT qui pose cette question en forme de préalable. A quoi bon s’appesantir sur des statistiques - déclare son représentant au risque de choquer un certain nombre de ses voisins pour qui les chiffres constituent une base de réflexion nécessaire. Il faut, poursuit-il en substance, sortir de cette routine, trouver le moyen de freiner la dégradation du tissu économique, donner une réelle impulsion aux solutions d’avenir pour les jeunes et aux créations d’emplois, enfin stopper les fermetures d’usines. Pour cela, il préconise l’intervention des banques nationalisées et le recours aux remèdes désormais classiques : réduction du temps de travail, abaissement de l’âge de la retraite et contrats de travail. Il cite en Châtelleraudais des situations profondément anormales (Fenwick commercialisant des matériels étrangers) et fait part des déconvenues en registrées à divers titres chez Gallus, à Domine où ne sont pas respectées selon lui, les engagements pris. Enfin, par son intermédiaire, la CGT souhaite que l’on se penche sur le cas des PME asphyxiées par les grands groupes et que l’on étudie la possibilité d’implanter en notre région une usine de composants électroniques, une unité d’instruments de mesure (à Domine) cependant que Gallus serait amené à la dimension d’une véritable industrie nationale.
Contrats de solidarité, engagement d’un secrétaire, etc.
Après cette déclaration, le président reprend un ordre du jour chargé et que, par conséquent, nous allons reprendre ici par thèmes.
Statistiques de l’emploi : des données chiffrées sont fournies par l’agence pour l’emploi. Elles ne correspondent pas, semble-t-il, au désir exprimé par le comité qui réitère sa demande en vue d’obtenir un profil du monde du travail par tranches d’âges. L’ANPE fera son possible.
Contrats de solidarité : la volonté des divers partenaires serait d’évaluer les espoirs d’embauche pouvant découler des contrats de solidarité. Ceux-ci commencent à se faire jour. Deux dossiers sont en bonne voie localement, ceux de la SFENA et de la SOCHATA. Les démarches en cours pourraient déboucher à Châtellerault sur 103 créations d’emplois (215 pour la Vienne). La CFDT aimerait faire un peu de prospection et connaître les virtualités offertes dans les entreprises. Les renseignements, à cet égard, sont difficiles à obtenir. Enfin, on précise côté patronat que l’engagement de créer de nouveaux emplois n’est pas toujours facile dans la conjoncture actuelle et que par ailleurs il faut convaincre les salariés de plus de cinquante-cinq ans de cesser leur activité.
Une digression amène à examiner le cas des collectivités. Châtellerault a anticipé l’an dernier en créant 21 emplois et étudie en ce moment le cas des plus de 55 ans ; Thuré songe au contrat de solidarité ; Naintré, grâce à des réductions d’horaires, a créé trois emploi et demi.
« Mais pourquoi être obnubilé par le contrat-retraite, fait observer la CFDT, alors qu’il existe une formule de contrat solidarité liée à la réduction des horaires et de nature à resservir aux travailleurs une part des progrès technologiques ? ». A quoi on fait remarquer, côté patronal, que ce raisonnement vaut surtout dans les secteurs-porteurs de l’économie.
Un vœu est émis, celui de voir une information simple diffusée dans les entreprises pour éclairer les divers partenaires sur les possibilités offertes par les contrats.
Le travail des jeunes retient l’attention. Il apparaît qu’à Châtellerault, ils sont 200 de 16 à 18 ans qui sollicitent en permanence l’agence pour l’emploi (autant qu’à Poitiers). Des mesures de formation spécifiques sont, heureusement, en train de se mettre en place.
L’engagement d’un secrétaire par le comité de l’emploi, alimente la discussion. La solution du recours à un jeune en stage de formation, et dont le salaire serait pris en charge par l’État, pendant un an, apparaît séduisante. Le principe en avait même été retenu. Un examen plus attentif de la question fait ressortir quelques difficultés. Le comité est-il juridiquement habilité à embaucher quelqu'un ? Comment assurer son salaire au terme du stage ? En attendant avec quel argent couvrir les frais connexes ? On fera des démarches auprès de diverses collectivités locales pour obtenir s’il se peut, un financement.
Civaux et ses retombées
Bien entendu, les problèmes économiques ont été abordés sous l’angle le plus large. M. Abelin déplore le « no man’s land juridique » qui caractérise, selon lui, l’aide aux créations dans un contexte qui incite peu à l’investissement. En effet, explique-t-il, le décret de 1976 d’aide aux créations d’entreprises a été supprimé et rien ne lui a été substitué. M. Verdon précise toutefois qu’un tournant est en train de se prendre tout en admettant que le retard des négociations de Bruxelles est préjudiciable. Reproche est fait également à la législation d’être trop complexe.
Civaux apparaît à son tour dans le débat. Tandis que les uns craignent les retombées de la centrale sur le plan écologique notamment ; d’autres en attendent beaucoup sur le plan économique. « Un ballon d’oxygène » lance M. Abelin. M. Touze, président de la commission, sera invité à venir renseigner le comité sur les possibilités offertes par le projet. La CFDT accepte à condition qu’un contre-expert soit également invité. On dit qu’EDF s’est engagé à confier 30 % de la charge de travail à des entreprises locales. Cela compensera-t-il le dommage résultant du comportement de certains services publics qui reprennent le travail à leurs sous-traitants ?
Débat assez touffu, on le voit. Encore l’ordre du jour n’a-t-il été qu’effleuré sur un certain nombre de points. Comme on le voit, il reste du pain sur la planche.
le 01/11/2023 à 18:04
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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