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Des précisions sont attendues pour couper court au « catastrophisme »

Ce n’est plus un secret pour personne et comme d’habitude chaque fois que manquent les informations précises, la rumeur s’amplifie, au risque de charrier les bruits les plus fantaisistes : Ranger va très mal, Ranger est au bord de la catastrophe, des centaines de licenciements sont inévitables si rien n’est fait...

A Montmorillon, siège de la SA des Meubles Ranger, l’une des toutes premières entreprises du département avec plus de 1.100 salariés, les inquiétudes qui s’exprimaient çà et là depuis plusieurs semaines sont en train de prendre l’allure d’un vent de panique. Il n’est évidemment pas dans nos intentions de le renforcer, mais comment passer sous silence le fait par exemple qu’hier, au micro d’une manifestation commerciale, a été lue une pétition appelant d’ores et déjà la population à soutenir l’initiative de ses auteurs ?

Ceux-ci, un groupe de salariés, accusent sans ménagement la Compagnie Française du Meuble, dont Ranger est une filiale depuis un an, d’avoir « saigné » l’entreprise montmorillonnaise au profit d’autres filiales du groupe et d’en vouloir le démantèlement. Ils réclament la convocation à Montmorillon d’une « assemblée extraordinaire », avec les pouvoirs publics, les représentants du personnel et les cadres, la modification des structures juridiques de la société, de ses organes de direction et le retour de « l’ancienne équipe qui garde la confiance des clients et fournisseurs... ».

Rappelons qu’il y a tout juste un an, en effet, la Compagnie Française du Meuble, elle-même contrôlée par « La Rochefortaise des Eaux » était devenue majoritaire chez Ranger SA en rachetant l’essentiel des parts du groupe américain Mohasco. Depuis 1980, la CFM avait en outre repris dans le département les usines de Lussac et Châtellerault de l’ex-groupe Cardot. Au terme de cette concentration, le groupe CFM prenait une place considérable dans l’industrie locale du meuble. Et l’an dernier son président (d’alors) sans faire miroiter aucune perspective mirobolante à court terme nous confiait ses espoirs de consolider au moins les positions de ces diverses unités sur le marché du meuble.

Des chiffres « fantaisistes »

En fait l’exercice 81 de Ranger SA n’a pas été bon. Les éléments de cuisine, qui constituent environ la moitié de son chiffre d’affaires, se sont plutôt bien vendus. Mais ce ne fut pas le cas des tables et chaises. Et au fil des semaines on a commencé d’évoquer les difficultés financières de « La Rochefortaise », un désengagement du Crédit Agricole qui détient 13,5 % du capital de la CFM, la mise à l’étude d’une « restructuration » du groupe, etc... Il était dès lors inévitable que l’inquiétude gagne, en premier lieu, le personnel des entreprises concernées. L’essentiel de l’effectif de Ranger est concentré à Montmorillon et Saulgé (140 personnes environ travaillent sur Chauvigny à la SIM) et on imagine l’énorme impact économique et social d’une « défaillance » importante de Ranger sur toute la région.

On n’en est peut-être pas loin de cacher le sérieux de la situation, le préfet par exemple assurait voici quelques semaines à des interlocuteurs syndicaux que le dossier faisait l’objet de toute l’attention des pouvoirs publics, pour la recherche des solutions les plus favorables. Il serait en effet soumis au ClASI (Comité Interministériel pour l’Aménagement des Structures Industrielles) et nul doute que son caractère relativement « explosif », y compris politiquement, requiert des interventions au plus haut niveau.

Nous n’avons malheureusement pu joindre hier les responsables du groupe. Les seuls apaisements, officieux, que nous sommes en mesure d’apporter de source autorisée, concernent le nombre de licenciements actuellement évoqué par la rumeur publique, qui seraient totalement fantaisistes, aucune décision n’étant encore arrêtée.