1157114/08/1982MONTMORILLON
A la suite d’une récente réunion à Paris du comité interministériel pour la restructuration industrielle (...) les instances départementales de la CFDT et de la CGT ont tenu à faire, comme elles s’y étaient engagées auprès du personnel de la SA Ranger, une information sur l’évolution de la situation de cette entreprise dont le sort préoccupe à juste titre l’ensemble de la population du Montmorillonnais et même au-delà. Les analyses commentées d’une part par Jean-Pierre Morisset, secrétaire régional de la CFDT et d’autre part par Francis Martin, secrétaire départemental de la CGT, tout en conservant le caractère spécifique de ces deux organisations syndicales, débouchent sur des conclusions, parfois très voisines les uns des autres. Voire identiques.
Le principal fait nouveau retenu à la fois par la CFDT et la CGT est la communication d’un projet de reprise industrielle et à ce propos la CFDT précise » « Afin que les salariés de Ranger aient l’information à laquelle ils ont droit, nous tenons le document à leur disposition. Ils peuvent le consulter auprès des délégués CFDT ou le mercredi de 18 h 30 à 20 heures à l’Union locale de Montmorillon, 1, rue Bernard-Harent ».
Dans le même temps, les participants à la réunion du CIRI ont eu mercredi confirmation de l’abandon - après une longue étude sérieuse - du projet SCOP. Un certain nombre de motifs justifient cette décision prise par la Confédération générale des SCOP et notamment des prévisions de ventes surévaluées et une participation financière financière de cinq pour cent demandée illégalement à des salariés payés au SMIC. JeanPierre Morisset rappelait en outre que « les tenants du projet SCOP n’avaient jamais fourni au CIRI les documents nécessaires à l'établissement du dossier (liste d’adhérents, composition de la direction, budget provisionnel détaillé, etc.) » tandis que Francis Martin déplorait que ce projet « dépourvu de plan industriel... ait été établi « sans concertation du personnel et en remettant partiellement en cause les avantages acquis ».
Toujours au chapitre des points communs figure l’appréciation de l’absence à la réunion du CIRI des membres du comité d’entreprise à l’exception de celui venu à titre personnel : la CFDT « condamne cette absence des membres du CE, à une réunion qu’ils avaient eux-mêmes demandée » et Jean-Pierre Morisset précisait même : « Si une telle attitude subsistait, elle retirerait tout droit au CE de s’exprimer au nom des salariés. Et la CFDT, alors prendrait les moyens nécessaires à la poursuite de la discussion et l’organisation de la négociation ». Pour la CGT, c’est le regret que le comité d’entreprise air refusé de siéger à cette réunion du CIRI car il a des responsabilités envers les travailleurs ».
Le plus vite possible une réunion du CE
Pour les organisations syndicales, le temps presse, la situation doit être débloquée rapidement. Il est vital pour le personnel de Ranger que la production de l’entreprise soit présente dans les salons qui vont débuter par celui de Lyon en octobre. Il faut donc que le travail et la fabrication aient repris auparavant.
Mercredi après-midi, les représentants de la CFDT ont reçu l’assurance qu’une réunion préparatoire du CE, pour présenter le projet industriel serait organisée le plus tôt possible (en principe dans la dernière semaine d’août), et qu’une autre réunion plus technique pourrait être envisagée sous réserve de la possibilité pour les experts de pénétrer dans l’usine.
Jean-Pierre Morisset ajoutait à ce propos : « Ceux qui prendraient la décision d’un échec de ce travail, couleraient par avance toute possibilité de négociation et liquideraient la possibilité d’un redémarrage de l’activité ». Par ailleurs, la CFDT n’écarte pas le sort de Cardot de ses préoccupations dans le cadre d’une solution industrielle cohérente, préservant l’emploi. Elle demande également que la situation globale du Montmonrillonnais soit prise en considération, compte tenu ,de l’impact économique de Ranger sur le secteur et suggère des initiatives dans le cadre de la filière-bois régionale d’une part et autour du caoutchouc en s’appuyant sur les structures locales Mapa et Michelin.
Pour Jean-Pierre Morisset : « Le projet industriel a le mérite de présenter une structure financière et commerciale viable, ayant le concours des banques nationalisées. C’est donc une base de discussion pour l’avenir. Mais dans son état d’avancement, il continue à prévoir 233 licenciements et 134 pré-retraites. Ceci ne peut être accepté. Il est imprécis sur les lignes de produits et l’organisation interne de la production. Enfin ce projet ne comporte pas de plan social ».
Le dialogue reste la seule solution
Tout en considérant que la solution industrielle reste une base de discussion s’appuyant sur des structures existantes, la CGT note cependant : « Le nombre des licenciements qui l’accompagne (367) dont 134 pré-retraites, le manque de clarté de projet industriel, tout cela nous interroge. Nous l’avons dit clairement et avec force, nous n’accepterons pas les licenciements ; dans une période marquée par le chômage, les bas-salaires seraient catastrophiques, il est donc nécessaire de faire avancer l’ensemble du problème. L’une des premières questions reste donc l’étude avec les travailleurs des propositions industrielles et cela en liaison avec l’outil de travail existant. Ceci nécessite une étude dans l’ensemble de l’usine avec les repreneurs, c’est pourquoi, nous insistons afin que rapidement de telles rencontres puissent avoir lieu dans les entreprises ».
Francis Martin regrettait que le projet industriel abandonne la production des meubles pour les collectivités (ouvrant ainsi une porte à l’importation) et avançait des propositions pour des fabrications nouvelles à développer avant de conclure : « Nous pensons qu’il est nécessaire d’avoir d’urgence une réunion du comité d’entreprise et des représentants syndicaux au CE, ceci avant la fin du mois de façon à ce que des rencontres avec les nouveaux repreneurs aient lieu et que les entreprises reprennent leur activité au plus vite. Toute entrave à ce processus ne pourrait que nuire aux travailleurs et à leurs familles, c’est pourquoi la CGT fera tout pour que l’avenir de l’industrie du meuble en France puisse se développer afin de répondre aux critères de reconquête du marché intérieur et de lutte pour l'emploi ».
• Pendant que se déroulaient les conférences de presse successives, des confirmations téléphoniques parvenaient aux sièges départementaux des organisations syndicales. C’est ainsi que la CGT enregistrait la certitude que la Confédération générale des SCOP n’avait pas donné son aval et qu’en raison de la nature du dossier Ranger, elle avait demandé à sa délégation régionale d’arrêter tous les contacts.
Pour sa part la CFDT apprenait que les repreneurs maintiendraient les avantages acquis en l’état et que le syndic consignerait cette disposition par écrit.
• Hier matin, une délégation des entreprises du groupe ex-CFM accompagnée des secrétaires de l’UL Chauvigny et de l’UD CGT a été reçue en audience par le directeur de cabinet du commissaire de la République.
• A propos de l’éventualité de diffusion de listes nominatives de licenciements, la CGT les considère comme nulles et non-avenues.
le 13/11/2023 à 19:40
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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