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Envers et contre tous, le comité d’entreprise des établissements Ranger qui tenait hier une réunion exceptionnelle a maintenu sa position quant à la solution à adopter pour sortir de l’impasse : le salut selon les responsables de cette structure interne de l’usine de Montmorillon passe par une société coopérative ouvrière de production (SCOP).

Cette position est dans le droit fil des déclarations faites mardi au cours d’une conférence de presse et réaffirmée hier à l’issue de la séance de travail à laquelle assistaient M. Toumannof et Mmes Meille et Marillier, représentants du syndic ; M. Pringault, collaborateur de Maître Lafond et administrateur provisoire ; Mme Deboissy, chargée des conventions fond national pour l’emploi et M. Morel, directeur de l'unité d’Erqueville (CFM) et représentant des repreneurs. Était présent aussi un délégué syndical CGT, M. Clavé, un délégué CFDT n’ayant été autorisé à pénétrer dans la salle.

C’est à 15 heures qu’a commencé de façon houleuse cette réunion mettant en présence les tenants de la solution SCOP et de la solution dite industrielle.

Le premier problème posé fut celui de la présence dans la salle de personnels de l’entreprise non membres du CE, en particulier les chefs d’usines. Avant que ne commencent les discussions, une demande formelle fut faite par M. Pringault pour en exiger la sortie ainsi que celles des journalistes présents. Opposés à ceci, les délégués du personnel ont en contrepartie demandé l’exclusion des débats de M. Morel pressenti comme directeur technique de la société nouvelle et qui selon eux n’était pas représentatif des repreneurs.

La discussion s’engageant, Mme Meille représentant le tribunal de commerce informait tout d’abord le CE de la solution de reprise qui avait été communiquée aux mandataires de justice, celle-ci représentant 367 licenciements dont 134 pré-retraites possibles. Elle devait préciser que le refus éventuel de cette solution entraînerait l’arrêt de l’exploitation de l’entreprise Ranger, la situation de trésorerie l’imposant ; solution SCOP n’ayant été, après examens, étayée d’aucune garantie, les mandataires de justice procéderaient alors au licenciement total du personnel.

Pour le CE, la remise en cause des licenciements et la présence des repreneurs n’ayant été respectés il ne pouvait être question d’une quelconque négociation, entre autre sur un éventuel plan « Fond National pour l’emploi ». Seule une convention concernant les pré-retraites reçut un accord (le nombre de celles-ci étant à peu près le même, quelle que soit la solution de reprise appliquée).

C’est donc un rejet qui se veut définitif (mais qui y a-t-il de définitif) de la solution industrielle soutenue par les pouvoirs publics et bénéficiant d’un montage financier ayant la confiance des banques qui s’est confirmé hier après-midi. A moins d’une semaine de l’échéance du 30 août donnée comme limite par le « repreneur » on est loin de voir le bout du tunnel. La situation reste bloquée.

Bien que le Parti communiste ait confirmé qu'il n’y ait jamais de dernière chance, il semble bien que tout nouveau délai comporte d’énormes risques et en tout premier lieu celui d’être absent du salon de Lyon à l’automne et à celui plus important encore de janvier 83 avec le salon du meuble à la foire de Paris.

Certes, le comité d’entreprise se fait fort de louer son emplacement et d’être à la disposition de la clientèle, mais sera-ce suffisant pour convaincre les acheteurs que les commandes seront effectivement livrées dans les délais voulus par une usine en léthargie ?

La concurrence n’a jamais été aussi féroce que dans les moments difficiles. Et il y a une place à prendre sur le marché du meuble : celle de Ranger. Le temps de la réflexion réaliste et de la raison n’est-il pas venu ?