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0115715/04/1920POITIERS

EN ATTENDANT LE « GRAND SOIR » CHEZ LES CHEMINOTS

Nous avions été conviés par le syndicat des cheminots de Poitiers à assister à une de leur réunion dite corporative qui eut lieu hier soir à 9 heures dans la chapelle du Grand Séminaire. Deux cents cheminots et cheminotes y assistaient. M. Benêt, le chef de train rétrogradé à la suite de la dernière grève, qui se trouvait en congé à Poitiers, fut nommé président par acclamation. Deux cheminots du secteur de propagande de Tours, MM. Olivier et Julleau, y prirent la parle pour exposer le sens de l'action future de la Fédération des Cheminots.

Tout d'abord ils montrèrent le développement de leur syndicat depuis 1914. En 1914 ils étaient 14.000 syndiqués et avaient 13 sous en caisse. Aujourd'hui ils sont 50.000 et ont un capital de 150 000 francs ;

Les orateurs reconnurent que les cheminots constituaient maintenant une classe privilégiée du prolétariat français (…).

Les cheminots ne demanderont plus des relèvements de salaires mais ils apporteront leur appui aux organisations syndicales qui ne peuvent faire aboutir leurs revendications parce que leurs adhérents n'occupent pas, dans la vie économique, une place aussi importante que les travailleurs du rail.

En fait il y a une autre raison pour laquelle les cheminots ne se soucient plus de réclamer des salaires plus élevés. C'est qu'ils estiment le moment venu de passer du domaine corporatif à l'action politique. Pour quelles raisons, Voici. Ils constatent que la course aux hauts salaires a pour répercussion une hausse constante et rapide du coût de la vie. Le mal réside donc ailleurs que dans l'insuffisance de traitement. La société capitaliste a fait son temps, elle ne peut sortir des difficultés que la guerre a accumulé, elle a fait faillite. Des mesures radicales s'imposent, il faut changer les bases de la société actuelle, transformer la vie économique, nationaliser tous les moyens de production : la mine aux mineurs ; Ie chemin de fer aux cheminots.

En attendant que la Cgt ait déclenché le mouvement qui doit amener ce bouleversement social et économique les orateurs, et en particulier M. Olivier, ont donné à leurs camarades de Poitiers les conseils suivants :

« Exécutez tous les ordres que vous donnent vos chefs de service. Mais pas de zèle intempestif. On a dit que la loi de 8 heures a eu des répercussions néfastes sur la vie économique. Il n'est pas douteux qu'elle a apporté de grosses perturbations. Mais c'est, peut être aussi qu'on a manqué de d'organisation, de méthode, qu'on n’a pas pu se débarrasser des vieilles routines. En régime capitaliste les travailleurs doivent s'en tenir à la loi de 8 heures. Quand le régime sera transformé, s'il le faut, nous ferons 9, 10, 11 heures parce que nous saurons alors que nos efforts supplémentaires serviront la collectivité et n'auront pas pour but d'augmenter les dividendes des gros actionnaires.

.../...

La réunion se termina par un vote acclamant la CGT et l'internationale ouvrière.

 

 

le 15/05/2020 à 16:54

Source : L'Avenir de la Vienne

conférence, meeting, CGT, revendication

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