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1168316/01/1906POITIERS

LE LIVRE DE POITIERS – ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 7 JANVIER 1906

Extrait du procès-verbal de l’assemblée générale du 7 janvier 1906 – Dans cette réunion la 112e section, après la lecture par le secrétaire, des procès-verbaux qui ont été aacceptés, le confrère Minmin, vice-secrétaire, nous a donné connaissance du rapport moral de la section pour l’année écoulée et d’un second concernant la marche de la Bourse du Travail pendant le dernier trimestre. Ces deux rapports ont été applaudis.

Trois jeunes confrères ayant fait leur demande d’admission, celles-ci sont acceptées.

L’assemblée accepte également les démissions des confrères Ferdinand Roy et Maurice Grillas.

Pour la journée de 9 heures au 1er mai, il est décidé qu’à part la conférence que fera le mois prochain le délégué du Comité central, une active propagande sera faite par voie d’affiches, ainsi que des circulaires qui seront envoyées aux femmes compositrices ; en plus de cela une conférence sera faite par un délégué qui sera demandé dans les groupes régionaux. J’espère que dans ces conditions, les esprits ne s’endormiront pas et que nous aboutirons à des résultats. A propos de cette question, le confrère Chapron a prononcé les paroles suivantes :

“Camarades,

Il m’a paru utile de soulever un débat sur l’attitude que nous devons observer envers les femmes employées clans l’imprimerie.

La question n’est pas nouvelle et vous pourrez vous rendre compte, en prenant connaissance du compte rendu du Congrès de Lyon, combien les opinions sont partagées sur ce sujet.

Tandis que certains confrères, en vertu de ce principe que les femmes ayant les mêmes droits que les hommes à la vie sociale, soutenaient qu’on ne pouvait s’opposer à leur emploi dans l’imprimerie, à condition toutefois qu’elles soient payées au même tarif que les hommes et avec l’espoir de former leur éducation syndicale ; d’autres ne voulaient les admettre à aucune condition, prétextant que la question de salaire égal ne serait qu’un rêve et que la femme n’aurait jamais l’énergie nécessaire pour réagir contre l’exploitation dont elles pourraient être l’objet de la part du patronat.

Il est bon de remarquer combien il y a de vérité dans les deux opinions et quelle leçon nous devons tirer de cette intéressante discussion.

L’élimination systématique de la femme a été votée par le Congrès, mais il ne faut pas oublier que le vote portait sur l’idée générale et que la majorité des volants était formée par des représentants de sections où il n’y a pas de compositrices ; ils avaient donc tout intérêt à refuser toute participation féminine ; mais pour les sections où maintenant l’emploi de la femme est un fait acquis, où malgré tous les efforts des ouvriers il n’est plus possible de l’écarter ; je crois, pour mon compte personnel, que nous devons cesser cette politique d’intransigeance, qu’il nous faut, au contraire, essayer de nous faire des alliées de celles que nous avons considéré jusqu’à présent, peut-être avec raison, comme un obstacle à notre action syndicale.

Submergée par les compositrices, dont l’effectif double presque de celui des hommes, la section de Poitiers se trouve dans la plus fâcheuse situation. Toute considération sera fatalement vouée à l’insuccès si elle doit aller contre les intérêts et des patrons et des compositrices.

L’application de la journée de neuf heures est de celles-là.

Il est très facile à comprendre que si nous ne leur faisons aucune communication de nos projets, si nous ne joignons pas leurs intérêts aux nôtres, elles ne verront dans la journée de neuf heures qu’une diminution de salaire et, se trouvant lésées, elles feront plutôt alliance avec le patronat pour empêcher une réforme qu’elles considéreront comme onéreuse.

Mais si, au contraire, nous leur faisons entrevoir qu’en joignant leur action à la nôtre, nous aurions la possibilité de rehausser le prix des pièces, que, peut-être aussi, nous pourrions essayer d’endiguer le flot d’apprenties par lequel certaine maison fait envahir la place de Poitiers, si nous pouvons, dis-je, arriver à leur faire comprendre que là sont placés leurs véritables intérêts et que se joindre à nous est le seul moyen de les défendre, alors peut-être, si la propagande est bien menée, nous aurons la joie de voir se constituer un petit groupe de femmes qui, marchant de concert avec nous, donnera plus de chance à la réussite de nos projets.

Certes, je ne me fais pas d’illusions, je sais fort bien que l’esprit de solidarité n’anime pas si fort nos compositrices pour que nous puissions en espérer merveille ; mais il est à constater que ce n’est là qu’un moyen d’arriver à nos fins et que ça n’empêche nullement les autres d’être mis en œuvre.

Si, par des circulaires ou des conférences, nous leur exposons cette idée, il est certain qu’elle sera discutée, que deux partis se formeront, l’un pour, l’autre contre, et, comme nous devons surtout chercher à ce que cette question soit agitée, en bien comme en mal, nous atteindrons peut-être ce double but : 1° de la faire passer dans l’esprit de beaucoup de gens ; 2° de décider un certain nombre de femmes de présenter leurs revendications en même temps que les nôtres.

Camarades, je vous ai fait part de mon idée, certains confrères la partagent, d'’autres s’élèveront certainement contre ; discutons-en et l’assemblée décidera si nous devons commencer notre propagande auprès du personnel féminin”.

 

Les comptes financiers du trésorier, pour le 3e trimestre, sont acceptés.

L'Impôt extraordinaire de 0 fr 10 par semaine qui a été jusqu’au 1er janvier pris sur la caisse sera, depuis cette date jusqu’au 1er mai, supporté par chaque fédéré.

Une somme de 10 francs pour le lot à offrir pour la tombola de la Bourse est votée.

Aucune question ne restant à discuter, il est procédé au renouvellement du bureau. Tout d’abord, le confrère Martin, président, déclare qu’il n’acceptera pas un nouveau mandat. Devant la difficulté de ne pouvoir le remplacer, plusieurs confrères proposent la nomination d’une commission exécutive, qui supprimerait les fonctions de président et vice-président, ce qui est accepté.

Le bureau est donc constitué de la façon suivante :

Secrétaire, A. Jobard ; vice-secrétaire, Léon Minmin ; trésorier, Onésime Fouquet ; commission exécutive, Chapron, Alphonse Bourdet, Germain Minmin ; commission de contrôle, Moreau, Renault, Martin.

Délégués à la Bourse du Travail : Fouquet, Johard, Minmin.

- Le viaticum est délivré par le confrère Lépine, 34, route de Bordeaux, de 11 heures 1/2, à midi 1/2 et de 7 heures à 8 heures 1/2 du soir. Inutile de se présenter à l’atelier.

- Le préposé pour le bureau de placement est le confrère Leon Minmin, 60, route de Bordeaux,

- Adresser toute la correspondance au confrère A. Jobard, hôtel-restaurant de la Paix.

 

 

le 17/11/2023 à 13:43

Source : la Typographie Française

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