1175504/12/1982CHATELLERAULT
Jeudi soir l’Union locale CFDT a tenu en sa permanence de la rue du Cognet une conférence de presse pour faire le point sur la situation de l’emploi dans l’ensemble des entreprises du Châtelleraudais, sur le fonctionnement du Comité de l’emploi et examiner les perspectives des élections au conseil des prud’hommes.
En ce qui concerne la situation de l’emploi, plusieurs entreprises ont été plus particulièrement sur la sellette et leurs représentants syndicaux n’ont pas caché leur inquiétude devant les mesures de restructuration évoquées ça et là.
L’un des cas les plus préoccupants est celui du groupe Fenwick qui possède l’usine de Cenon et que nous ayons déjà eu l’occasion d’évoquer récemment.
Il a été annoncé pour ‘'ensemble du groupe 260 licenciements au 1er janvier 1983.
Plusieurs solutions ont été envisagées pour la restructuration. Un plan de Fenwick-Manutention seul face aux trusts étrangers et notamment japonais qui nécessiterait des investissements et s’accompagnerait de licenciements. Parmi les autres éventualités, signalons également le projet d’alliance avec Matra-Saxby à condition de trouver un autre partenaire amenant de l’argent, mais les réductions d’effectifs seraient les mêmes et le nombre des établissements serait revu. Cette solution aurait le seul avantage de créer une manutention française.
Une autre solution a été proposée : la prise de participation à 100 % du capital Fenwick par un groupe anglais Lancer-Boss qui viendrait créer un groupe européen, mais qui arrêterait la fabrication de chariots au-dessous de quatre tonnes. Les rétractables et les chariots seraient fabriqués en France.
Mais les Anglais veulent fermer une usine en France et transférer le siège social de Saint-Ouen dans une usine restante.
D’autre, part la réduction d’effectifs serait identique à celle proposée par la première solution Fenwick. Enfin, des contacts ont été pris avec Balkancar, firme bulgare, numéro un mondial qui pourrait prendre 51 % de participation en posant un certain nombre de conditions, dont l’engagement de maintenir deux usines, mais avec une réduction d’effectifs touchant 500 personnes.
Aucun accord n’a pu intervenir avec les Japonais, de même qu’avec le groupe allemand Linde.
Pour la CFDT, une solution existe : la nationalisation de Fenwick.
Chez Fenwick
L’usine de Châtellerault est implantée depuis 21 ans.
Son effectif maximum fut de 1.150 personnes. Il est redescendu à 879, dont une quarantaine de travailleurs à domicile. Cette diminution est due à l’érosion naturelle, aux départs à la retraite et un FNE en 1983 qui a touché 23 personnes.
Depuis plusieurs années, les fabrications traditionnelles de l’automobile ont été mutées dans d’autres établissements de la société. Des fabrications aéronautiques ont été mutées à Châtellerault, puis ce fut toute la division industrie qui fut transférée en notre ville.
En septembre, le nouveau P-DG du groupe a annoncé un plan de restructuration pour remettre la société à flot. La CFDT indique qu’en 1981 le déficit s’est élevé à près de 6 milliards de centimes, dû pour une large part à un endettement très important.
Le plan de restructuration débute sur l'ensemble du groupe par le licenciement de 278 personnes, dont 55 à Châtellerault, 39 au titre du Fonds national pour l’emploi, un de plus de 60 ans et 15 licenciements directs.
Dans le groupe Aigle-Hutchinson, la situation n'est pas brillante.
L’on craint 2.000 licenciements ; 498 ont déjà eu lieu. Des ateliers vont fermer en 1983.
Le centre administratif Hutchinson d’Ingrandes, qui se charge de la comptabilité du groupe risque d’être touché par voie de conséquence, du fait de la baisse d’activité des filiales.
D’autre part, la CFDT rappelle à propos de la réduction du temps de travail que si celle-ci pourrait se faire par étapes et même sans compensation totale, cette suggestion n’est applicable qu’aux salariés qui touchent par mois un salaire supérieur à deux fois le SMIC.
En ce qui concerne De Prémonville, les représentants CFDT demandent aux pouvoirs publics d’organiser au plus tôt une réunion de représentants du personnel et du repreneur pour déterminer les modalités de la reprise rapide des activités.
Chez Isba, il s’agit d'une fermeture de fait, puisque les lettres de licenciements ont été expédiées.
Enfin, en agriculture, la CFDT signale la menace de fermeture qui pèse sur l’atelier de grattage de champignons de Scorbé-Clairvaux.
Ce bilan amène la CFDT à s’interroger sur les capacités du Gouvernement à solutionner les problèmes de l’emploi.
De même en ce qui concerne le Comité local pour l’emploi, la CFDT constate que celui-ci ne possède pas les moyens de fonctionner avec efficacité : pas de crédit d’heures pour les délégués des salariés, pas de moyens pour l’étude des problèmes et elle demande aux pouvoirs publics de prendre les mesures propres à remédier à cette lacune.
le 23/11/2023 à 14:34
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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