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1177722/12/1982VIENNE

M. ROULEAU (DS) PRÉSIDENT DU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL POITOU-CHARENTES

Un mauvais coup de la CGT au PS ?

Déjouant la plupart des prévisions, M. Claude Roulleau, de Crissé (Deux-Sèvres), représentant l’élevage au Comité économique et social de Poitou-Charentes, est devenu hier le nouveau président de cette assemblée régionale. Candidat unique du collège des entreprises et activités professionnelles non salariées, il avait le soutien des représentants patronaux.

Sur le papier pourtant, on accordait davantage de chances à un socialiste charentais, M. Roger Doche, représentant le secteur Coopération-Mutualité. En apparence, c’est la CGT qui a « fait » l’élection de M. Roulleau, jouant ainsi un mauvais tour au PS.

Elle le conteste et retourne même l’accusation. Quoi qu’il en soit, l’affaire laissera sans doute des traces... En attendant, elle pourrait être source de problèmes pour le nouveau président, qui n’est pas assuré de se trouver toujours une majorité.

Comme prévu, trois candidats s’étaient déclarés pour la présidence. M. Roger Doche d’abord, 58 ans, président du groupement régional Coopération-Mutualité (et président national) qui se présentait comme le candidat de l’économie sociale : « Un secteur dont le poids spécifique est particulièrement significatif en Poitou-Charentes, et qui a la nette impression d’avoir été jusqu’ici marginalisée par le poids considérable de certains représentants économiques... ». Puis, M. Bernard Bouchet, 36 ans, ingénieur de recherche, candidat de la CGT « pour des choix clairs contre les basses manœuvres politiciennes... ».

Enfin, M. Claude Roulleau, 41 ans, président de l’Établissement départemental de l’élevage des Deux-Sèvres, candidat du collège des « entreprises et activités professionnelles non salariées », c'est-à-dire de l’industrie, de l’artisanat et des professions libérales aussi bien que de l’agriculture : « Pour le rassemblement des forces vives, parce que la Région ne doit compter que sur elle-même... ».

Au premier tour, sur 62 votants et autant d’exprimés, M. Doche obtient 22 voix, M. Bouchet 10 et M. Roulleau 30 (la majorité requise étant de 32). Dès le second tour, avec toujours 62 exprimés, M. Douche fait toujours 22 voix, M. Bouchet 8 et M. Roulleau est élu avec 32 voix.

On spéculera longtemps, en coulisses, sur les deux voix « baladeuses » (au moins) qui semblent avoir fait la décision, en évitant « le candidat du PS » (M. Doche), pour se porter successivement sur celui de la CGT, puis sur le candidat « du patronat ». Il s’ensuivit en tout cas un climat de tractations, avec appels du pied, coquetteries et renvois d’ascenseur, qui contrastait singulièrement avec les belles déclarations sur le « rassemblement » au service de la Région...

Pour les uns, la CGT a choisi le confort de l’opposition, face à un président auquel elle n’a pas donné ses voix, dans une assemblée où le patronat conserve une large influence sinon les leviers de commande, elle garde ainsi toute sa liberté d’expression et ne sera liée en rien par les positions prises.

Certains tirent de cette attitude la conviction qu’après les prud’homales, la CGT adopta la stratégie de la « forteresse assiégée » : elle se désigne comme victime d’une entente entre la droite et le PS, dans l’espoir de rallier plus tard les mécontentements. Le fait qu’à l’occasion de l’installation des comités, la centrale choisisse, pour la première fois depuis le 10 mai, de priver la gauche du pouvoir dans une instance où il est à sa portée, est même interprété comme un signe avant-coureur des rapports PC-PS après les municipales...

La CGT ne se reconnaît pas du tout dans ces analyses et affirme au contraire que la clarté est de son côté. Elle avait un candidat « capable de rassembler une majorité ». Mais, selon elle, tout était convenu, tout était joué pour l’évincer des responsabilités, ici comme dans le Limousin. Et au plus haut niveau, puisqu’en privé les cégétistes mettent en cause le pouvoir socialiste, qui aurait en réalité « joué la carte Roulleau ». Le fait que le président ait obtenu - de justesse - la majorité absolue malgré le maintien du candidat CGT, accréditerait cette thèse...

Réconciliation...

M. Claude Roulleau, président de la SEETA (union de coopératives employant 500 salariés), conseiller général du canton de Prahecq, est un modéré classé dans l’opposition. Lui-même refuse de se définir autrement que comme un homme « de centre gauche ouvert ». Il a laissé entrevoir la couleur en déclarant qu’il faudrait contribuer « au renforcement de toutes les entreprises, dégager plus de revenu, ne pas alourdir les secteurs improductifs... ».

Premier représentant du monde agricole et premier Deux-Sévrien à occuper la présidence du comité, il a occupé et occupe de nombreuses responsabilités : président du CDJA en 1967-68, d’une coopérative d’insémination à 29 ans, de l’Union des coopératives à 35 ans... Sa tâche ne s’annonce pas facile. Même si après l’indéniable affrontement de tendances pour la présidence, il croyait voir dans le souci de pluralisme qui se manifestait pour compléter le bureau, une manière de réconciliation augurant mieux de l’avenir.

Les quatre vice-présidents sont MM. Tourancheau (FO, 34 voix), Bouchet (CGT, 34 voix), Doche (Coopération, 33 voix) et Chalet (CFTC, 32). Et les quatre secrétaires : MM. Despretz (CGC, 57 voix), Langelier (CFDT, 32), Boutteaud (chambres d'agriculture, 31) et Dubois (CCI, 30).

 

 

le 23/11/2023 à 17:50

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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