1185228/03/1983POITIERS
Reconstituée samedi
Toute la journée de samedi aux Bois de Saint-Pierre, 85 syndicats CFDT étaient représentés pour un congrès de reconstitution de l’Union départementale, dissoute en 1973. Un épisode dans l’organisation des moyens du syndicalisme qui s’explique par l’évolution du potentiel militant et des méthodes de travail : partie d’assez bas dans le département après 1968, la CFDT a vu se multiplier les sections d’entreprises dont le travail en commun s’organisait principalement autour des unions locales. Une forte progression de l’implantation s’est poursuivie jusqu’en 1977 et n’a pas tardé à reposer le problème des structures intermédiaires entre les sections syndicales et l’Union régionale, entre autres pour le travail de formation.
Au congrès régional de 1981, la décision fut prise de remettre sur pied une Union départementale dans la Vienne. Elle intervient au moment où une certaine crise militante affecte la plupart des organisations, mais se justifie par le poids accru de l’action syndicale interprofessionnelle, « face à une montée des corporatismes et au poids des problèmes communs que sont par exemple ceux de la protection sociale... ».
Cette dimension du syndicalisme peut difficilement être prise en charge par les unions locales, dont l’importance est très variable et exige des moyens d’analyse et d’action au niveau départemental.
Mais ce congrès n’était pas de pure forme et au terme d’un débat, il devait arrêter ce qui sera pour trois ans la ligne d’action de la CFDT dans le département. Pour l’essentiel, le texte adopté de façon massive (72 pour et 11 refus de vote) se caractérise par le maintien des priorités, au premier rang desquelles figure l’emploi. L’action pour l’emploi va se développer sur plusieurs axes : la réduction du temps de travail, avec les autres aspects impliqués (les questions sur la compensation salariale, l’organisation du travail, les nouvelles technologies et la productivité, etc...), les comités locaux pour l’emploi « qui n’ont pas été à la hauteur de l’attente et n’ont pas su, en particulier, avancer des contre-propositions industrielles » ; la CFDT ne désespère pas d’y impulser un regain d’efficacité, notamment sur Poitiers en liaison avec l’observatoire économique dont la municipalité a décidé la création.
Les fermetures d’entreprises se poursuivent et la CFDT constate que les perspectives ne sont pas très brillantes dans ce domaine, mais distingue deux secteurs : les PME qui n’ont pas su ou pas pu intervenir, ni rechercher de nouveaux créneaux et « un deuxième patronat qui, lui, continue de restructurer selon une logique défavorable à l’emploi ». Vis-à-vis de celui-ci, le syndicat va se monter plus offensif. Une commission économique va être mise en place à l’UD et la formation économique sera davantage intégrée dans la formation syndicale.
Désaccord
Le nucléaire et la politique énergétique restent également des préoccupations de premier rang pour la CFDT, soucieuse de mettre en avant toutes leurs implications sur l’emploi.
Mais la formation des jeunes, en particulier des 16-18 ans, va prendre une place grandissante dans l’action syndicale, qui veut intervenir davantage sur le contenu de cette formation et participer à la lutte contre l’échec scolaire dans le système lui-même par la rénovation de l’école et hors de l’appareil scolaire pour réparer les conséquences de cet échec.
Sur tous ces sujets, un gros travail de formation et d’information attend l’Union départementale. Mais au lendemain des mesures économiques gouvernementales, la CFDT ne pouvait pas ne pas débattre et réagir au « plan » de rigueur. Elle l’a fait notamment à l’occasion de l’intervention de Nicole Notat, secrétaire confédérale, qui participait à ce congrès et qui a développé « le désaccord de la CFDT avec la stratégie qui découle de ce plan gouvernemental : il n’est ni compréhensible ni acceptable que le gouvernement n’ait pas indiqué les éléments du progrès social qu’il propose aux travailleurs, et sans lesquels l’effort économique ne sera ni compris, ni accepté... ».
Photo : Le congrès de l’UD CFDT
le 07/12/2023 à 09:48
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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