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1190228/04/1983CHATELLERAULT

« LES FEMMES ET LE TRAVAIL » UNE ENQUÊTE DE LA CFDT

La semaine de sensibilisation sur les femmes et le travail, organisée conjointement par le Centre d’Information des Droits de la Femme et la CFDT comporte plusieurs volets : une exposition sur l’accès des femmes au métiers non traditionnels qui sera inaugurée vendredi à 20 h 30 et que l’on peut visiter jeudi toute la journée et les autres jours de 14 h 30 à 18 h 30 sous le péristyle de la Redoute ; un film avec débat qui aura lieu vendredi après l’inauguration de l’exposition à la salle de La Redoute. Christiane Gilles, conseillère technique au ministère des Droits de la Femme, Claire Sutter, responsable nationale CFDT et Marie-Thérèse Pierra, déléguée régionale du Droit des Femmes à Poitiers y participeront et aborderont tour à tour la loi sur l’égalité professionnelle, le travail féminin et le salaire d’appoint, le choix des formations, l’accès aux promotions, la double journée, etc.

Au poste d'observation qui est le sien, dans les milieux du travail, la CFDT a pu recueillir un certain nombre d’enseignements qu’elle nous a livrés, mardi après-midi au cours d’une conférence de presse donnée par quatre de ses militantes, une de la SOCOTRA, une d’Aigle et deux de chez Marchal. D’abord toute une série de constatations :

- A Châtellerault, sur les 7.000 femmes qui travaillent à l’extérieur de leur foyer, 250 sont dans l’agriculture, 2.670 dans l’industrie, 3.545 dans le tertiaire (1). On les trouve principalement dans des emplois de vendeuses, serveuses employées de bureau, travailleuses sociales. Un certain nombre de professions sont difficilement accessibles aux femmes. Les voit-on en effet dans les emplois d’électricien, de plombier ou de travaux publics ? Cet ostracisme ne date pas d’aujourd’hui - expliquent nos interlocutrices - des recherches d’archives ont permis de constater qu’au siècle dernier existait des femmes tailleurs, mais uniquement au service de leurs semblables ou des enfants. Dans la coutellerie, elles étaient souvent vendeuses à moins que l’on ne les utilisât à ébarber les viroles à raison de 4 francs par mois, l’équivalent du salaire journalier d’un ouvrier.

- La main-d’œuvre féminine pour laquelle les agences intérimaires ont une prédilection, sert souvent d’appoint et ceci d’autant que l’on rencontre de plus en plus de femmes demandeuses d’emplois. Ce phénomène était déjà observé à la fin du XIXe siècle. Si les femmes accèdent aux machines de la Manufacture en 1891 - date à laquelle on en embauche 80 sur recommandation expresse du ministre - leur nombre atteint le chiffre de 1.835 au moment de la guerre ; mais les hostilités terminées, on les renvoie à leur foyer.

La promotion des femmes au travail est freinée de différentes façons. Elles sont moins nombreuses à participer aux stages de promotion (pour une part à cause des contraintes familiales). Typique à cet égard, Marchal où les deux tiers du personnel partis en formation en 1981 étaient des hommes alors que les femmes constituent 70 % des effectifs. Le nombre de femmes ayant des emplois régresse à Châtellerault. Le nombre des hommes contremaître, progressait de 28,4 % entre 1968 et 1975 ; celui des femmes baissait de 16 % : celui des hommes manœuvres baissait dans la même période de 29,3 % et celui des femmes manœuvres augmentait de 26,7 %. Dans les trois entreprises : Aigle, Marchal SFENA, les cadres féminins ayant qualité d’ingénieur ne sont que trois alors que les hommes sont au nombre de 1.632. Enfin à qualification égale, on constate, pour chaque coefficient, une différence de salaire entre les hommes et les femmes variant de 100 a 300 F.

Les filières scolaires

Dès la scolarité certaines filières semblent réservées aux hommes et d’autres aux femmes. Exemple, on ne rencontre dans nos établissements d’enseignement professionnel que 3,1 % de filles dans la préparation des CAP de mécanicien-ajusteur, mécanicien-fraiseur, mécanicien d’entretien et électricien d’équipement. En revanche, elles représentent 98,9 % de l'effectif dans les CAP habillement-fabrication industrielle et employée de bureau ; cependant que dans la préparation au BEP sténo-dactylo, les garçons sont totalement absents. De même, dans la préparation du bac F 3 qui débouche sur l’électronique, les filles ne sont guère que 12 %.

- Alors que l’on fait grand cas des qualités spécifiquement masculines, la dextérité et la minutie plus spécifiquement féminine ne sont guère prises en considération.

* * *

Non contentes de dresser un constat, les militantes de la CFDT épaulées par leur syndicat et considérant que cette discrimination est exploitée par « le système économique » se prononcent évidemment pour le changement et entendent faire porter leur action sur la reconnaissance du droit à l’emploi pour tous y compris pour les femmes, la création du nombre d’emplois nécessaires, l’aménagement des conditions et de la durée du travail, la mise en place d’équipements collectifs pour la petite enfance ; le partage des tâches à tous les niveaux.

(1) Les chiffres cités proviennent du recensement de 1975, celui de 1982 n'ayant pas encore été analysé sur ce plan.

 

 

le 07/12/2023 à 16:37

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

statistiques, femme, emploi, formation

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