1192716/05/1983POITIERS
La grève des transports urbains du District de Poitiers s’est donc étendue sur toute la semaine dernière, et les événements du week-end ne permettent pas de dire si le service va reprendre normalement ce lundi matin.
En effet, après la longue et vaine négociation de vendredi soir, la situation ne s’était guère éclaircie. Le président du District a fait savoir qu’il ne pouvait aller au-delà des propositions faites (...), mais une partie au moins du personnel, sans doute majoritaire, les considère comme insuffisantes.
Samedi, alors que les grévistes se tenaient devant le dépôt des autobus, commentant la situation et attendant une nouvelle proposition, il n’y a pas eu de véritable négociation. Seulement des contacts informels avec M. Lavignotte, délégué du District et président de la Société d’économie mixte qui gère le service. De ces discussions, il ressort que la durée hebdomadaire du travail pourrait être ramenée à 37 heures au 1er juillet, sans diminution de salaires. La réduction à 35 heures d’ici 1985 serait négociée dans le cadre d’un contrat de solidarité. Les augmentations de salaires cette année resteraient celles qui étaient prévues (celle du 1er juillet étant avancée au 1er juin), mais l’ensemble du système de rémunération serait rediscuté. Une solution a également été envisagée pour le paiement partiel des jours de grève.
Dès samedi, le syndicat CGT a jugé « positives » ces ouvertures et propositions. Il appelait le personnel à se rassembler ce lundi à 7 h 30, pour prendre position sur la poursuite de l’action, et proposait pour sa part de « suspendre l’action de grève et poursuivre sous des formes diverses les luttes pour l’aboutissement des revendications, en particulier le pouvoir d’achat ».
La CFDT y voyait elle aussi « des avancées significatives » et sans se prononcer sur le champ, semblait plutôt favorable à une suspension du mouvement, compte tenu des engagements formulés et malgré des insuffisances.
Mais, Force Ouvrière, qui serait majoritaire et qui avait fait appel à un secrétaire fédéral, M. Dauriat, restait ferme sur la question des salaires. FO reproche aux autres syndicats de mettre en avant la réduction du temps de travail, « alors que les gens s’intéressent davantage aux salaires ». Elle reproche en outre à la direction de « jouer la division » et sur le fond du problème, « de refuser d’appliquer l’accord national signé en avril par tous les syndicats sur le salaire minimum ».
Cet accord porte sur le salaire mensuel et la société poitevine se trouverait aujourd’hui 0,5 % en-dessous du minimum et 1,65 % au-dessous au 1er juillet prochain. Mais, compte tenu de l’ensemble des éléments de rémunération – prime de vacances, treizième mois, fraction du quatorzième – elle se trouverait au-dessus estime la direction (en fait les élus du District)
Le conflit porte donc sur cette interprétation d’un accord national. M. Lavignotte est sûr de la sienne et il « met FO au défi de (nous) attaquer aux Prud’Hommes sur ce point ».
C’est donc probablement ce matin à l’embauche que va se jouer la suite du mouvement. Une grève d’où les implications politiques ne sont pas absentes, qui risque de dégénérer en tensions au sein du personnel, et dont les Poitevins, en tout cas, ont suffisamment fait les frais… Mais comme le dit un conducteur (CFDT) « il faut dire aux usagers que nous avons été obligés de tenir aussi longtemps, faute de propositions ».
le 07/12/2023 à 17:44
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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