1196410/06/1983POITIERS
« L’exemple de ce que peuvent faire les travailleurs dans l’entreprise… »
Avant les deux débats publics qu’il devait animer successivement à Châtellerault puis Buxerolles, le président du groupe parlementaire communiste André Lajoinie a visité hier, à Chasseneuil, l’usine des caravanes Tesserault. A l’invitation des élus communistes locaux et régionaux qui l’accompagnaient (M. Fromonteil, vice-président du Conseil régional, M Pensec et Mme Poupard, adjoints au maire de Poitiers, MM. Royer et Baptiste) et de la CGT (le syndicat de l’entreprise et l’Union départementale dont le secrétaire général était présent), M. Lajoinie a été reçu fort courtoisement par le chef d’entreprise. M. Robert Fabre.
Celui-ci, en effet, a considéré comme « naturelle » et même « bienveillante » cette visite d’élus nationaux et locaux qui, s’agissant du PCF, constitue pourtant une « première » dans la région ou peu s’en faut. Il est vrai que l’entreprise est dans une situation difficile depuis de nombreux mois et qu’elle a besoin d’un soutien en fonds publics, faute duquel l’issue pourrait être irrémédiable. En refusant le plan de redressement qui lui a été soumis, le Comité interministériel de restructuration industrielle « a joué les Ponce Pilate, car il n’a même pas proposé de modification à ce plan », a constaté M. Lajoinie. La Société de développement régional et la banque (nationalisée) de l’entreprise, en l'occurrence la BNP, ont également été mises en cause pour n’avoir consenti aucune « condition particulière » (cette dernière aurait « pompé à la société un milliard de centimes de frais financiers en cinq ans). De même, « une carence certaine » des collectivités locales a été dénoncée face à la menace qui pèse sur 200 emplois (dont 33 intérimaires).
Aujourd’hui le temps presse, Tesserault « a de quoi passer l’été mais il faut que des mesures soient prises d’ici la rentrée ». Selon M. Lajoinie, l’outil de travail est bon et des possibilités de développement existent. D’autant que l’entreprise est saisie d’une proposition de Renault pour façonner ici des camping-cars et « maison mobiles », un marché en hausse tandis que celui de la caravane baisse (de 12 % cette année). Pour y faire face en production, l’usine a besoin d’opérer certaines transformations, mais n’a pas les moyens de les financer. M. Lajoinie va intervenir au niveau ministériel « en demandant bien sûr que l’argent public ne soit pas distribué sans garantie de développement » tandis que les élus communistes locaux interviendront au niveau de la Région et du District de Poitiers.
Une autre raison explique cette visite inhabituelle : la CGT a les coudées franches dans l'entreprise. Depuis des mois, elle se flatte d’avoir obtenu des infléchissements de la politique de production et de commercialisation, multiplié les démarches auprès de la banque et d’autres organismes et obtenu ces dernières semaines des tables rondes à la préfecture, au fil desquelles les affaires de Tesserault ont été « mises à plat ». Elle revendique hautement ce droit d’intervention sur la gestion que M. Lajoinie a considéré comme « exemplaire de ce que les travailleurs peuvent faire dans l’entreprise... ».
Photo : En compagnie du chef d’entreprise et des représentants du personnel, M. Lajoinie se fait expliquer le processus de production
le 26/12/2023 à 12:12
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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