1198505/07/1983POITIERS
La Société des caravanes Tesserault a déposé son bilan hier au Tribunal de commerce, qui a décidé la mise en règlement judiciaire, avec pour syndic Me Martin et pour juge-commissaire M. Charent.
L’information ne surprendra pas puisque les difficultés de l’entreprise sont publiques depuis de longs mois. A vrai dire, le dépôt de bilan s’avérait même ces dernières semaines comme une étape incontournable sur la voie d’un redressement qui reste cependant hypothétique.
Il appartiendra désormais aux responsables désignés par le Tribunal de tenter de mettre sur pied la solution la moins défavorable à la fois - comme toujours et de manière contradictoire - pour les créanciers et pour la sauvegarde de l’emploi. L’usine de Grand-Pont (Chasseneuil) emploie, rappelons-le, 170 salariés permanents.
Le Tribunal a d'ailleurs diligenté une enquête sur l’état de santé exact de l’affaire, dont les résultats seront connus dans les prochains jours et constitueront la base des décisions à venir.
Peut-être pas la seule base cependant, car depuis de longs mois et sous la pression notamment des salariés et de la CGT, les pouvoirs publics et les partis de la majorité sont très informés de la situation et leur intervention est fortement sollicités. Ils invoquaient couramment jusqu’ici le fait de ne pouvoir aller à l’encontre de la volonté du chef d'entreprise. Le règlement judiciaire dessaisit celui-ci de ses prérogatives et il ouvre la voie à un « montage » financier et industriel où les collectivités locales pourraient être impliquées.
Mais, comme l’ont toujours déclaré le président du Conseil régional ou celui du District, il va de soi qu’ils n’engageront les derniers publics sous forme de prêt ou de participation que si des perspectives crédibles de redressement se font jour. Or, Tesserault, sur un marché de la caravane désormais en régression, doit selon toute vraisemblance, pour subsister, à la fois diversifier ses produits (comme l’entreprise a commencé de le faire avec les maisons mobiles et les campings-cars), et moderniser son outil de travail. Le coût d’une telle restructuration pourrait être élevé (le chiffre de huit millions de francs était avancé ces derniers jours).
Sur un autre plan, ce dépôt de bilan marque pour le moins un tournant dans la vie d’une entreprise d’origine locale, puisque fondée par un artisan carrossier, M. Tesserault, qui eut le mérite dans les années cinquante de passer, en même temps que du camion à la caravane, du stade artisanal au stade industriel. Et de contribuer ainsi au développement de l’emploi dans la couronne de Poitiers. La survie de l'entreprise concerne en effet, sur le plan de l’emploi, plusieurs communes et non pas seulement celle de Chasseneuil.
« Un mauvais coup » selon la CGT
Les délégués du personnel déclaraient avoir appris le dépôt de bilan de la préfecture, le jour même. Puis, du directeur, que « la décision de bloquer les rentrées et sorties de capitaux avait été prise sur incitation du receveur divisionnaire des Impôts ».
Pour la CGT, seul syndicat de l’entreprise, cette décision « unique à (notre) connaissance » relève « du sabotage organisé d’une affaire industrielle en difficulté, alors que tout devait être envisagé pour la sortir du mauvais pas dans lequel elle se trouvait... ».
Le syndicat invoque la responsabilité de la direction mais aussi une « manœuvre du patronat et une manœuvre politique de droit qui se casseront les dents sur la mobilisation des travailleurs... ». Et déclare ne pas douter du soutien des pouvoirs publics pour assurer le plein emploi et le redressement économique de l’entreprise.
le 27/12/2023 à 09:03
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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