1200830/08/1983POITIERS
La journée d’hier a confirmé la détermination du personnel de la Société des caravanes Tesserault à ne pas se résoudre aux 35 licenciements, sur 171 salariés, que prévoit le plan de redressement.
En effet, hier matin à l’embauche, les délégués ont rendu compte au personnel des dispositions de ce plan, qui leur avaient été présentées lors de la réunion de vendredi au tribunal de commerce. Les salariés, hostiles à la réduction d’effectif, ont aussitôt décidé un arrêt de travail. Cette grève, reconductible de jour en jour en fonction de l’évolution de la situation, était également destinée à soutenir les élus du comité d’entreprise, réuni comme prévu hier en fin de matinée, en présence du syndic, Me Martin, et du secrétaire général de l’UD-CGT, M. Martin (simple homonymie...).
Le comité, conformément à la loi, devait être informé des mesures techniques touchant à la réorganisation de la production et consulté sur le licenciement des quatre représentants du personnel (parmi les 35). Par dix voix sur dix, le comité s’est prononcé contre ces licenciements. Mais il n’a pas été dressé de procès-verbal de la réunion, si bien que pour les élus la procédure ne peut être poursuivie.
Ils considèrent cette réunion comme une simple séance d’information et souhaitent ainsi ouvrir un délai qu’ils mettraient à profit pour amener le syndic à modifier ses projets. Dès hier après-midi d’ailleurs, accompagnés d’une délégation du personnel, ils sont intervenus successivement auprès du directeur de cabinet du député-maire et du cabinet du préfet. Ils leur ont demandé d’user de leur influence pour que le comité soit à nouveau réuni et, éventuellement, élargi à des élus locaux et à l’Inspection du travail. La décision appartient au syndic et n’était pas acquise hier soir.
Une ouverture possible
A y regarder de plus près, il n’est pas exclu du tout qu’un compromis soit trouvé rapidement. Le personnel et son syndicat CGT - qui n’ignorent pas que la grève ne fait qu’affaiblir un peu plus l’entreprise - approuvent en effet les grandes lignes du plan de redressement établi par le cabinet Maillet, de Paris. Ils sont d’accord avec beaucoup des objectifs fixés. Ils relèvent cependant que l’objectif de production de 139 caravanes par mois, plus quelques maisons mobiles et camping-cars, ne correspond pas à la relance qu’ils souhaitent.
Par ailleurs, ils observent que les 35 licenciements demandés correspondent à l’hypothèse la plus basse de ce plan. Et la CGT de commenter : « Sous couvert de la responsabilité du syndic, la direction a choisi l’attitude patronale la plus dure en retenant ce chiffre ». Le syndicat serait d’accord pour négocier à partir de la proposition du rapport Maillet de maintenir environ 150 emplois (ce qui réduirait à une vingtaine le nombre des départs).
Surtout, personnel et syndicat s’élèvent contre « la brutalité et la répartition » des licenciements demandés. Les 27 salariés non protégés par l’Inspection du travail recevraient en effet leur lettre dès cette semaine et n’effectueraient même pas leur préavis de deux mois, « alors que leur présence serait encore utile à l’entreprise ». Sur cette liste figurent très peu de salariés de 56 ans ou plus, alors que près d’une vingtaine ont atteint cet âge, qui leur ouvre la possibilité d’une pré-retraite.
La CGT ne retient pas l’argumentation selon laquelle il serait indispensable à l’entreprise de conserver ces salariés expérimentés. Elle croit plutôt à « la volonté délibérée de la direction, qui a arrêté cette liste alors que c’était de la responsabilité du syndic, de décapiter l’organisation syndicale, d’autre part de provoquer une réaction conflictuelle ». Le syndicat s’appuie sur le fait que tous les responsables syndicaux sont sur la liste, ainsi que des membres d’une même famille (dans quatre cas) et plusieurs cas sociaux.
La révision du nombre et de la répartition des départs est donc au centre du conflit qui bloque actuellement l’application du plan de redressement. Il appartient au syndic, que nous n’avons pu joindre hier, d’ouvrir ou non la discussion sur ce point. Et sa réponse est attendue à très bref délai.
Photo : Pour la énième fois, les salariés de sont rendus hier à la préfecture
le 02/01/2024 à 10:51
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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