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1203322/09/1983CHATELLERAULT

POUR LA RENTRÉE SOCIALE : UNE CGT D’HUMEUR FRONDEUSE

Rentrée sociale de l’Union locale CGT, ce mardi 20 septembre. Le secrétaire général, Gérard Levasseur entouré de trois membres de son bureau a choisi d’ordonner son propos autour de trois grands thèmes : pouvoir d’achat, emploi et protection sociale, non sans décocher des flèches à ceux des partenaires syndicaux qui “s’accommodent” de l’argumentation patronale relative au “désinvestissement” et à ceux qui cantonneraient le socialisme dans “une autre manière de vivre”.

Non, Gérard Levasseur n’entend pas les choses de cette oreille ! “L’alourdissement de la charge fiscale est un nouveau coup porté au pouvoir d’achat. Il cite le cas de l’OS de chez Marchal, Aigle, Socotra, qui a vu son pouvoir d’achat amputé de 200 F en septembre, mais aussi des OP à 4.500 F qui ont dû concéder 1.000 F depuis le début de l’année, de l’ingénieur, du cadre, qui ont perdu entre 4 et 6 %. Or, face aux travailleurs qui apportent une contribution “de plus en plus disproportionnée avec leurs moyens”, il voit “les 110.000 foyers qui ont déclaré 1.500 milliards de fortune”. Il fait cette première remarque “tandis qu’au budget 84, on a grappillé au détriment de l’emploi dans les services publics 15 milliards sur les 900 milliards du budget de l’État, ne serait-il pas possible d’en prélever 25 sur les 1.500 milliards en question ? Cela serait perçu comme justice…”.

Seconde observation : “les trois-quarts des 831 milliards de profits déclarés par les entreprises s’envolent (en Suisse et ailleurs), un quart seulement est réinvesti. C’est la croissance zéro et le chômage, conséquence d’un désinvestissement que suscite du reste, les propos du CNPF”. Et de proclamer la volonté de la CGT de sortir de la stagnation, de relancer la croissance - par la consommation intérieure notamment - pour redonner une santé à l’économie et remettre de l’ordre dans les grilles de salaires “de façon à ce que ne soient pas pénalisés ceux qui, par leurs compétences, contribuent à la richesse du pays dans les entreprises de pointe...” (1).

Diagnostic pessimiste sur l’emploi local

Or, nous sommes loin de ce re-décollage selon le secrétaire général de la CGT qui énumère les entreprises en difficulté : Giron, Boulenger, Sarco, SMP Meubles, Colas, Le Centre éducatif de l’Écheneau, Limes et Râpes, la Société chimique de la Route, cependant que “rien n’est réglé” chez Serfo, Fenwick, de Prémonville. “Et dire que toutes ces entreprises sont viables et ont des marchés !”. Dans le même temps, certains utilisent largement le contrat à durée déterminée (non renouvelé) et l’intérim. L’exemple de Marchal est cité.

“Tout cela - déclare G. Levasseur - va à l’encontre du progrès social et économique. Jamais on ne redressera le pouvoir d’achat du plus grand nombre si on ne s’attache pas à faire reculer le chômage et à développer les richesses produites”. Il importe à ses yeux que les travailleurs - cadres et techniciens inclus - “se mêlent” de plus en plus des problèmes d’activité, d’emploi, de gestion et de rapports dans le travail. C’est une nouvelle dimension de la lutte syndicale et, à cet égard, il se félicite des démarches effectuées courant août par des travailleurs venus à la rencontre de la CGT pour “s’organiser ”.

Les incidences sur les conditions de travail du progrès technique qui engendre les deux-huit, le travail continu (et oblige la collectivité qui crée les crèches-garderies à en essuyer les retombées financières) l’amène à aborder le troisième dossier : celui de la protection sociale. Il n’admet pas qu’on présente comme des privilèges les “extraordinaires conquêtes de la classe ouvrière en ce domaine” il dénie que la contribution du Français moyen soit supérieure à celle de l’Américain ou de l’Allemand, il proteste contre l’idée de fiscalisation “qui serait un recul important car le financement de la protection sociale doit se faire au niveau de l’entreprise, à la source des richesses créées (d’autant que les patrons réintroduisent leurs charges dans le calcul du prix de vente)”. Il en arrive à évoquer l’enjeu des prochaines élections à la Sécurité sociale. Il critique l’actuelle gestion paritaire trop prodigue à ses yeux. Il s’en prend au coût élevé de la mise sur informatique, aux gâchis politico-financiers (sic). Il s’élève contre le forfait hospitalier qualifié de “non-sens” puisque “il faut débourser 26 F en frais d’écritures notamment pour gérer les 20 F demandés chaque jour”. Mais pour la CGT, c’est la philosophie même de la Sécurité sociale qui est en jeu. Il s’agit de savoir si “la protection sociale est considérée comme un élément de progrès social et économique et un investissement dans l’homme ou une charge insupportable qu’il faut réduire à tout prix comme le font Thatcher et Reagan”, et dont se déchargent effectivement nombre d’entreprises qui oublient d’acquitter leurs cotisations...

En conclusion, des propos rassurants pour les cadres et ouvriers professionnels touchés par les réévaluations fiscales et considérés comme des éléments moteurs du syndicalisme dans bien des cas ; une mise en cause du patronat avec au passage des nuances favorables aux petits patrons ; enfin, une analyse politique qui ne cadre pas tout à fait avec celle de M. Delors…

(1) La CGT on le sait propose d’élever le seuil de la surtaxe fiscale à 30.000 F.

 

 

le 03/01/2024 à 14:32

Source : La Nouvelle République du Centre Ouest

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