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0119715/09/1920POITIERS

LES SYNDICALISTES DE LA VIENNE ET L’ACTION REVOLUTIONNAIRE

Nous lisons dans l’Humanité :

Le congrès de l'Union des syndicats de la Vienne réuni dimanche dernier, après avoir procédé à l'examen de la situation actuelle a adopté la résolution suivante présentée par le camarade Audinet, secrétaire du syndicat de la Manufacture de Châtellerault.

1°) Les délégués de la tendance minoritaire doivent être admis au sein de la C.E. de la CGT sur la base de la proportionnelle intégrale.

2°) Les syndicats du département de la Vienne jugeant que, préalablement avant toute action, une formidable campagne de propagande s'impose, estiment que toutes les forces majoritaires et minoritaires doivent se grouper pour accomplir cette campagne en choisissant comme revendication la cessation de la guerre russo-polonaise, la paix à la révolution russe, en écartant temporairement tout débat sur les méthodes qu'elle emploie.

3°) L'idéal suprême de la CGT proclamé dans ces formules : « suppression du salariat et du patronat », « transformation de la société », ne-pouvant se réaliser que par des stades d'actions successivement plus puissants, la nationalisation industrialisée des mines ou des chemins de fer prise comme revendication par les syndicalistes révolutionnaires du rail lors de la grève de mai, constituera après une intense besogne de propagande pour la fixer dans les esprits, le point de départ d'actions précitées, début de l'action révolutionnaire.

4°) Son application ne donnera satisfaction au syndicalisme qu'à titre transitoire, le stade d'actions devant nécessairement continuer jusqu'à l'acceptation intégrale de nos idéaux.

5°) Seule la commission administrative de la CGT pourra fixer la date et l'ampleur des stades d'actions successifs.

6°) Pour donner plus de popularité aux mouvements envisagés précédemment, pour faire suivre plus facilement les syndiqués insuffisamment éduqués les propagandistes ne se placeront que sur le terrain réformiste devant les syndicats qui hésiteront à soutenir les mouvements déclenchés.

7°) Les syndicats de la VIENNE invitent majoritaires et minoritaires de la CGT à se grouper intimement, à concentrer leurs forces pour les assauts à donner au capitalisme et au patronat, seuls adversaires de la classe ouvrière organisée.

Cette motion a été adoptée à l'unanimité moins une voix.

 

Cette motion, dit l’organe socialiste sera présentée au Congrès d’Orléans ; elle constitue évidemment la tentative de conciliation qui doit, dans l’esprit de M. Audinet, reconstituer le front unique du prolétariat français organisé. Elle n’obtiendra aucun succès, nous pouvons l’annoncer d’ores et déjà, car il n’est pas possible de réconcilier les irréconciliables.

La grande cause de division entre les prolétaires syndicalistes et socialistes est la question de la méthode révolutionnaire concrétisée par la question l’adhésion à la IIIe internationale moscovite. (…)

Comment les syndicalistes de la Vienne espèrent-ils pouvoir réaliser leur union avec Varine qui les traite « d’apostats » et avec les Cochin et Frossard qui, d’accord avec le pape Lénine, dont ils acceptent les neufs commandements, les considèrent comme des « social-traitres ». Sans doute ils comptent beaucoup sur le programme d’action commune : Cessation de la guerre russo-polonaise, paix à la Révolution russe ». Ils se leurrent. Les extrémistes, les Monmousseau, les Lévêque et les Sirolla, pour ne parler que de ceux-là, ne sauraient se contenter de ce minimum.

Le programme d’action révolutionnaire élaboré par le citoyen Audinet n’est pas davantage fait pour leur donner satisfaction. Les minoritaires trouveront ce programme trop « majoritaire ». Allez donc parler de stades successifs, d’étapes espacées à des gens qui veulent tout « chambarder » d’un seul coup ?

A retenir la naïveté de l’aveu contenu dans le paragraphe sixième. Les propagandistes devront avoir deux visages : ils seront révolutionnaires quand ils parleront devant un auditoire extrémiste, réformistes devant les syndicats qui hésiteront à soutenir les mouvements déclenchés. Autant dire tout de suite que les prédicateurs de l’église communistes n’auront rien à envier aux moines formés à l’école d’Ignace de Loyola. Si les syndicalistes de la Vienne croient qu’une telle propagande aura la moindre chance de succès dans un pays de bons sens, d’esprit clair, comme la France ils se trompent grossièrement. Les jésuites rouges n‘auront pas plus de succès que les autres.

 

le 18/05/2020 à 14:59

Source : L'Avenir de la Vienne

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