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Nous ne manquerons pas de pain.

Réunis hier soir à la Bourse du Travail les ouvriers boulangers au nombre d’une cinquantaine ont décidé la grève qui est effective ce matin.

Dès qu’ils ont eu connaissance de cette décision M. le Préfet, préoccupé de s’assurer le ravitaillement de la population poitevine en pain, a demandé à l’autorité militaire de fournir à la Municipalité la main d’œuvre disponible pour assurer la fabrication du pain en attendant le conflit.

Dès ce matin la Place de Poitiers a mis 14 soldats, boulangers de profession, à la disposition de M. le Maire de Poitiers qui va en assurer la répartition entre les divers patrons de la ville. Si besoin est d’autres militaires viendront de Tours et de Parthenay.

Examinons maintenant les causes de la grève.

Il y a environ un mois le Syndicat des ouvriers boulangers demandait à la Chambre syndicale des Patrons boulangers que le salaire quotidien soit porté de 16 à 20 francs par jour (pour deux fournées) et qu’un contrat collectif fut signé entre les deux groupements.

Les patrons jugèrent les revendications de leurs ouvriers excessives et refusèrent de leur donner satisfaction.

D’un commun accord on décide de s’en remettre à la décision de deux arbitrages : M. le Préfet et M. le Maire.

M. le Préfet et M. le Maire adoptèrent une formule transactionnelle et proposèrent un relèvement de 2 francs par jour, le salaire quotidien devant ainsi de 18 francs.

Les ouvriers acceptèrent. Sur les 15 patrons de la ville 5 seulement décidèrent d’appliquer les nouveaux tarifs proposés par les deux arbitres.

En présence de cette situation les ouvriers ont décidé la grève mais, avant d’y recourir, ils ont fait ce matin une nouvelle démarche auprès des patrons, démarche restée vaine.

A noter que les ouvriers des patrons qui avaient accepté le salaire de 18 francs se sont solidarisés avec leurs camarades.

AVIS

A raison de la grève des ouvriers boulangers et dans le but de faciliter à la boulangerie les moyens de réserver à la fabrication du pain toutes les ressources dont elle dispose, M. le Maire a l’honneur d’informer ses concitoyens que le portage du pain est suspendu provisoirement.

Le Maire, Mérine.