1216810/12/1983POITIERS
M. Paul Marchelli, délégué général de la C.F.E.-CGC, était hier soir à Poitiers l’invité d’un dîner-débat de l’ETHIC sur lequel nous reviendrons. Dans la journée, il avait animé un stage réunissant des responsables syndicaux de la métallurgie venus de plusieurs départements, l’analyse, voire l’auto-critique des positions actuelles de l’organisation et les orientations à prendre dans la perspective de la campagne de recrutement que la CGC lance en 1984, ont fait l’objet de débats nourris et souvent passionnés.
Mais à aucun moment, commentait pour nous M. Marchelli, ces débats ne remettent en cause « un consensus plus intense que jamais sur les positions confédérales, et particulièrement sur le point essentiel qui consiste à dire : il est actuellement nécessaire qu’une organisation syndicale représentative de l’encadrement - c’est-à-dire d’individus responsables non seulement d’eux-mêmes, mais d’un environnement humain - prenne position dans le domaine économique et pas uniquement sur le plan social... ». Et l’engagement de la CGC sur le terrain de la politique économique part de son opposition à « la croissance zéro, qui est pour nous la fin de notre société et le commencement d’une société égalitariste, voire collectiviste ».
Pour retrouver un taux de croissance permettant le progrès social, « il faut restaurer le niveau de compétitivité de notre appareil industriel, qui souffre d’insuffisance de recherche, de développement et d’investissements depuis dix ou quinze ans. Il est inutile de pleurer aujourd’hui sur cette carence, il faut y remédier par un effort accru des hommes dans l’entreprise, c’est la seule alternative au partage de la pauvreté... ».
Pour financer ce rattrapage, la CGC est favorable à la fiscalisation d’une part des charges sociales payées par les seules entreprises, « à condition qu’on retrouve la justice sociale ». Mais au plan de l’entreprise comme de la politique économique, ses adhérents « sont également prêts à beaucoup d’efforts et de sacrifices, y compris sur leur pouvoir d’achat, s’il y a en face un plan cohérent d’investissement économique et social. C’est-à-dire - et c’est là où M. Gattaz dérape - si c’est pour construire l’avenir et non pas seulement réparer les erreurs d’un passé récent ».
Ainsi tout politique de restructuration industrielle doit comporter « un volet investissements, un volet emplois de substitution dans les régions touchées et un volet sur les reconversions professionnelles nécessaires. Malheureusement, les échéances politiques sont trop fréquentes pour que les élus travaillent dans le moyen et le long terme... ».
Questions diverses
S’agissant de la stratégie syndicale, M. Marchelli a répété après le président Menu que la CGC, si elle représente bien tout l'encadrement et pas seulement les cadres, « n’a pas l’intention de se transformer en cinquième organisation ouvrière française. Il nous faut trouver des alliances dans les organisations ouvrières, mais il n’est pas question de modifier notre base de recrutement. Ce qui est changé, c’est que nous cherchons des solutions économiques et sociales d’ensemble d’abord, et ensuite seulement celles qui relèvent de notre spécificité... ».
A propos de la crise européenne, il a enfin déclaré qu’il n’y a pas d’autre solution pour faire face à la « formidable mutation technologique et économique » que de surmonter les égoïsmes nationaux pour construire une Europe économique, sociale et politique.
Photo : M. Marchelli en compagnie de quelques-uns des trente participants au stage
le 15/01/2024 à 15:19
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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