1218822/12/1983POITIERS
Le syndic de la société des caravanes Tesserault, Me Martin, a informé hier le comité d’entreprise du licenciement des 134 salariés. Mais pour le directeur général en place dans l’entreprise depuis le 10 novembre, M. Tessier, il s’agit d’une mesure « technique » destinée à sauvegarder les droits du personnel aux indemnités de l’ASSEDIC, droits qu’ils auraient perdu à l’échéance du 3 janvier. Loin de signifier la fin de l’entreprise, ce licenciement collectif ouvrirait au contraire la voie à une solution de reprise progressive, à laquelle il manque toutefois, à ce jour, la composante financière...
Hier matin donc, les salariés apprenaient leur licenciement qui sera effectif dès réception de leur lettre (d’ici la fin de la semaine). Sur l’effectif de 134 personnes, 103 seront dispensées du préavis, c’est-à-dire ne reprendront le travail que si elles sont réembauchées à l’avenir.
Trente et une effectueront le préavis de deux mois (dont l'ensemble des cadres, pour qui la période est d’ailleurs de trois mois).
Mais la réaction du personnel n’était hier ni de colère ni de désespoir, car il est également informé de la solution de reprise qui est envisagée. Et s’il s'est à nouveau mobilisé, ce n'est pas pour s'opposer aux licenciements, mais bien pour faire aboutir ce plan et sauvegarder l’emploi, à terme.
Pour montrer cette détermination, plusieurs dizaines de salariés ont cessé le travail hier après-midi afin de participer à l'entrevue qu’ils avaient obtenue de M. Claeys, directeur de cabinet du député-maire, et à laquelle était également convié leur directeur général, M. Tessier.
Celui-ci a pu exposer la solution qu’il préconise et à laquelle le personnel s'associe.
Lui-même ne se présente pas en partenaire financier, « je ne suis pas M. Tapie », dit-il. Un investisseur privé est cependant intéressé. Mais le passif est tel que ce partenaire privé ne saurait, seul, faire face à la situation. Le plan consisterait donc à confier l’affaire en location-gérance à une nouvelle société constituée par cet investisseur, des parts salariales (les allocations du personnel seraient ainsi investies ou placées en compte courant) et d’autres apports financiers. C’est sur ce point que sont sollicitées les banques, la collectivité publique (prêt du FDES par exemple) et les collectivités locales (pour cautionner des prêts ou faire intervenir des organismes de participation).
M. Tessier a « de bonnes raisons de penser que cette solution peut aboutir. L’entreprise est viable. Le plan de redressement est en cours, il ne manque que son élément financier. Pour l’instant, elle tourne, des caravanes sortent chaque jour... ».
Par la voix du délégué syndical CGT M. Michel Combes, le personnel insiste sur ce point : « Contrairement à ce que déclarent à l’extérieur certains responsables de l’entreprise, elle n’est pas finie. Nous avons par nous-mêmes monté la chaîne d’encollage et aménagé le magasin général, c’est-à-dire que la réorganisation est engagée. Nous produisons et nous avons des caravanes à vendre. Nous souhaitons maintenant une table ronde avec le préfet, les financiers et les collectivités locales, pour mettre au point le montage financier qui permettrait de reprendre une partie du personnel en mars et une autre en juillet, voire plus vite encore... ».
L’entrevue d’hier a retenu le principe d’une telle réunion, qui pourrait se tenir à la mi-janvier. Tout au début de l’année prochaine, l’entreprise Tesserault, en règlement judiciaire depuis le 4 juillet et qui dispose d’une autorisation d’exploitation jusqu’en avril, fonctionnerait donc avec une trentaine de personnes. Rappelons que depuis l’été, vingt-six licenciements et neuf préretraites ont déjà été appliqués.
le 16/01/2024 à 09:45
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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