1234606/04/1984POITIERS
Nous avons reçu de la CFDT Santé-Sociaux un long communiqué qui fait apparaître ses inquiétudes au sujet de l’avenir de l’Institut Jacques-Trivas, 32, rue des Feuillants.
Rappelons que l’Institut Jacques-Trivas accueille des jeunes filles de 14 à 18 ans en difficulté, soit une moyenne de trente-trois en 1983.
« La situation est très grave, peut-on lire dans ce communiqué et fait peser des risques effectifs sur le service rendu à trente-neuf adolescentes en difficulté et sur l’emploi de douze salariés ».
Le communiqué met en cause le Conseil général qui « profite de la faiblesse de l’association employeur, le CREAI (Centre régional pour l’enfance et l’adolescence inadaptée) pour mettre en place un plan de restructuration sans tenir compte des besoins... Cela permet au Conseil général de mettre en partie à jour sa politique générale de déshabiller Pierre pour habiller Paul ».
Le communiqué dénonce également « une nouvelle fois l’incapacité du CREAI à faire face à la situation et à résoudre les problèmes de gestion... De plus, nous avons été informés de la démission du directeur, ce qui ne fait que renforcer nos craintes ».
« La situation difficile n’est pas due à un dépassement de dépenses, nous a déclaré M. Guy Bruneau, président du CREAI, mais à une baisse des effectifs. Cette baisse s’explique par le fait d’une nouvelle politique des juges qui tentent de placer les jeunes filles près de leurs milieux familiaux. Nous avons réfléchi à cette situation nouvelle et avons proposé à nos partenaires de recevoir non plus seulement des jeunes filles mais des fratries, c’est-à-dire des frères et des sœurs. Ce projet a reçu divers appuis (Éducation surveillée, juges des enfants, etc...), mais nous attendons la décision du Conseil générai, autorité compétente depuis le 1er janvier 1984, dans le cadre de la loi de décentralisation. Le CREAI souhaite une solution favorable de manière à satisfaire à un besoin social et à éviter des licenciements de personnel ».
Quant à M. Bruno Grouès, directeur du CREAI, il tient à signaler que son départ est décidé depuis quelques mois et qu’il n’est pas lié à la situation présente. « Je m’en vais pour des raisons personnelles », dit-il.
Au Conseil général, on fait remarquer qu’aucune décision n’est prise quant à l’avenir, de l’Institut Jacques-Trivas et que celle-ci ne pourrait intervenir que lors d’une prochaine réunion.
« La situation est nouvelle, a dit un porte-parole, du fait de la nouvelle politique de placement préconisée par les juges des enfants. De plus, la gestion de cet institut est lourde, soit 15.000 F par mois et par jeune fille avec des charges élevées de personnes (trente-deux employés). L’an dernier, le déficit a été de un million pour un budget de sept millions et pour redresser la situation, il faudrait augmenter le budget de 24 % alors que l’État, pour ces établissements, ne transfert qu’une somme équivalente à son apport de l’an dernier majoré de 6,96 % ».
Le Conseil général (qui ne décide pas de la gestion du CREAI mais qui finance l’institut à 13 % en 1983 et à 100 % en 1984) entend poursuivre les pourparlers en vue d’une recherche de solution et ne semble pas hostile à l’installation de fratries en maintenant toutefois l’activité à son niveau moyen d’accueil depuis un an.
« Il accorde une plus grande importance aux pourparlers qu’à la polémique ».
le 06/02/2024 à 10:21
Source : La Nouvelle République du Centre Ouest
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